Microcrédit – Côte d’Ivoire : l’Unacoopec en plein cauchemar
Quarante ans après sa création, l’Union nationale des coopératives d’épargne et de crédit (Unacoopec), la principale institution de microcrédit de Côte d’Ivoire, rencontre encore de grosses difficultés qui menacent sa survie et pourraient même secouer le secteur bancaire national.
Des déboires dus à une mauvaise gestion : un audit de la Banque centrale intervenu en avril 2012 avait révélé des détournements de fonds, des falsifications d’écritures comptables, des acquisitions de patrimoines fictifs, une mauvaise gouvernance… Les autorités ivoiriennes ont décidé de placer l’institution sous administration provisoire. En onze exercices, l’Unacoopec a cumulé plus de 11 milliards de F CFA (16,8 millions d’euros) de pertes, avec des fonds propres négatifs atteignant 20 milliards de F CFA. Les graves problèmes de cette institution, qui concentrait 81 % des encours et 63 % des dépôts du secteur de la microfinance il y a trois ans, font peser des menaces sérieuses sur tout le système financier ivoirien.
L’aide de l’État
Le secteur bancaire ne cache pas ses inquiétudes. « L’Unacoopec représente 51 % du passif de la microfinance auprès des banques. Elle a des dépôts dans le marché, [opérations entre la Coopec et les banques] et a conduit des transactions avec des institutions telles que la CNCE », précise un employé d’un grand groupe bancaire, qui confie qu’aucun plan de restructuration de l’Unacoopec n’a encore été élaboré. « On assiste plutôt à des joutes judiciaires entre les sociétaires et l’administrateur provisoire, Issiaka Savané », poursuit cette même source.
En attendant la mise en place d’un plan de restructuration et de relance, le gouvernement a décidé en juillet 2015 – à travers le ministère auprès de la Présidence chargé de la jeunesse – de mettre à la disposition de l’institution une enveloppe de 1,05 milliard de F CFA pour financer via des prêts plus de 2 100 jeunes à travers dix régions du pays. L’État ne compte pas renflouer les caisses de l’Unacoopec, dont le poids dans le secteur diminue : ses parts de marché dans l’épargne et le crédit étaient respectivement descendues à 68 % et 49,6 % à la fin de décembre 2013.
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