Assurances : comment Discovery a révolutionné la protection santé en Afrique

Le géant sud-africain a séduit le monde entier avec Vitality. Le principe de ce programme ? Récompenser les adhérents prenant soin d’eux-mêmes. Un modèle qui bouscule les habitudes du secteur.

Le programme Vitality de l’assurance Discovery récompense les assurés qui adoptent un mode de vie sain. © Glez

Le programme Vitality de l’assurance Discovery récompense les assurés qui adoptent un mode de vie sain. © Glez

Publié le 6 janvier 2016 Lecture : 3 minutes.

Pour un assureur, un client en bonne santé est un actif précieux. D’où l’idée du sud-africain Discovery de rétribuer les assurés qui adoptent un mode de vie sain. Osé, le pari a fonctionné. Lancé il y a une quinzaine d’années, le programme Vitality est devenu une référence mondiale en la matière. Il a attiré en Afrique du Sud 1,7 million de clients et, en tout, 6 millions d’affiliés sont recensés sur la planète via des partenariats avec d’autres sociétés d’assurance (Prudential, Humana, John Hancock, Ping An, AIA, Generali) dans d’autres pays (Australie, Chine, États-Unis, Royaume-Uni et Singapour, en attendant la France, l’Allemagne et l’Autriche) et sur d’autres segments (assurance auto, cartes de crédit). En cinq ans, le nombre de clients Vitality a progressé de 21,7 % en Afrique du Sud et de 178 % à travers le monde.

Démarche proactive

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« C’est une approche « disruptive » [de rupture], reconnaît Emmanuel Leroueil, consultant au sein du cabinet Performances Group. Le rôle traditionnel de l’assureur n’est pas de prévenir le risque. Avec Vitality, il adopte une démarche proactive. Ses incitations sont susceptibles de faire baisser le taux de probabilité de survenance de la maladie. » L’adhérent gagne des points lorsqu’il réalise un certain nombre d’actions considérées comme bénéfiques pour son hygiène de vie : achat de produits frais, fréquentation des salles de sport, bilan de santé régulier. Autant d’actes et de schémas prédictifs individuels que Discovery peut ensuite analyser, interpréter et exploiter grâce à une utilisation très poussée des technologies, dans lesquelles l’assureur a beaucoup investi.

Pour les assurés « actifs », un large éventail de gratifications est proposé selon le nombre de « points vitalité » accumulés : baisse des cotisations, places de cinéma, rabais sur certains articles diététiques vendus chez des distributeurs agréés, billets d’avion à prix cassés…

Une générosité qui, bien évidemment, n’est pas désintéressée. « Ceux qui prennent soin d’eux-mêmes tombent moins malades et coûtent moins cher », résume Abdou Cissé, spécialiste des assurances en Afrique subsaharienne. Selon Discovery, le taux d’hospitalisation des personnes impliquées dans le programme Vitality serait inférieur de 9,6 % à celui constaté chez les personnes considérées comme inactives. Dans ces conditions, « l’effort financier supplémentaire fourni par l’assureur pour inciter ses membres à rester en bonne santé peut se révéler parfaitement justifié », explique Abdou Cissé.

Alliances

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Afin d’offrir à bon compte ces récompenses, Discovery a multiplié les alliances avec une multitude de partenaires (les supermarchés Pick ‘n’ Pay ou Woolworths, les compagnies aériennes Kulula et Emirates…) qui s’engagent à jouer le jeu en échange d’un volume additionnel significatif de clientèle. Pour Emmanuel Leroueil, « c’est là un élément important du modèle Vitality puisque l’assureur mutualise des provisions financières pour couvrir ses risques, mais également des services à valeur ajoutée pour ses souscripteurs, ce qui facilite leur fidélisation ».

Malgré son succès mondial, Discovery n’affiche aucun projet d’expansion sur le continent à ce jour. Contactée par Jeune Afrique à ce sujet, la direction du groupe n’a pas donné suite. Quant aux assureurs présents dans le reste de l’Afrique subsaharienne, « peu ont pris pleinement conscience des implications de ce nouveau système », déplore un assureur de Kigali.

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« Une donne qui sera pourtant amenée à évoluer dans les prochaines années, le temps pour le marché de reconnaître la pertinence de cette approche », pronostique Abdou Cissé. Emmanuel Leroueil veut pour sa part voir dans ce business model original « une chance de démocratiser le marché de l’assurance sur le continent ».

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