Souaibou Abary : « Un taux de bancarisation de 25 % à 30 % est un minimum pour l’émergence de la RDC »

Sensibiliser la population, aider les entreprises, assurer la sécurité juridique… Le patron d’Afriland RD Congo ne manque pas d’idées.

Souaibou Abary © DR

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Publié le 9 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

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Jeune Afrique : Plus de 5 millions de comptes ont été ouverts à ce jour en RD Congo. Quel devrait être le seuil minimal de bancarisation du pays pour atteindre l’émergence ?

Souaibou Abary : Le niveau actuel du nombre de comptes bancaires dans notre pays est insuffisant pour soutenir l’émergence. Je salue la décision de bancariser le salaire des fonctionnaires et des agents de l’État, créant plus de 1 million de comptes, mais il faut aller au-delà en intégrant un certain nombre de prestations.

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Il faut surtout accompagner cet élan et intéresser toute la population à utiliser les services bancaires, à travers la monnaie scripturale comme électronique. Un taux de bancarisation de 25 % à 30 % de la population active permettra de toucher 15 millions de personnes. Leur contribution sera alors loin d’être négligeable dans le processus d’émergence du pays.

Quelle doit être la contribution du système bancaire pour accompagner ce mouvement ?

En tant que conseil, les banques doivent encourager et soutenir l’entrepreneuriat privé. Seulement 7 % des entreprises recourent aux financements bancaires. Il y a donc un recours excessif à l’autofinancement qui réduit fortement leurs capacités d’investissement et de croissance. Mais pour diversifier leurs sources de financement, les entreprises doivent se structurer pour satisfaire un certain nombre d’exigences en matière de communication financière et de transparence. L’État n’est pas en reste.

Avec 18 banques et 258 institutions de microfinance, la mobilisation des ressources fiscales et financières internes doit être prioritaire, grâce à une forte sensibilisation de la population sur la pratique bancaire et l’épargne

Pour financer les infrastructures, la valorisation des matières premières et la reconstitution du tissu industriel, les banques ont des compétences en matière d’ingénierie financière et de mobilisation des ressources. Par ailleurs, avec 18 banques et 258 institutions de microfinance, la mobilisation des ressources fiscales et financières internes doit être prioritaire, grâce à une forte sensibilisation de la population sur la pratique bancaire et l’épargne. L’État pourrait, par le biais des banques, développer le marché financier et recourir à des levées de fonds.

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Quels obstacles faut-il lever pour améliorer l’environnement des affaires ?

Il faut déjà reconnaître les efforts déployés par le gouvernement. L’efficacité du système bancaire dépend d’abord de l’État, qui doit instaurer une sécurité juridique et veiller à la mise en place d’une réglementation harmonisée avec la sous-région. La Banque centrale du Congo et l’Association congolaise des banques doivent œuvrer ensemble pour faire aboutir la réforme du système de paiement et renforcer la vélocité et l’efficience des transactions commerciales et financières, le développement de la monétique, ainsi que la modernisation de la centrale des incidents de paiement afin de protéger les banques des créanciers indélicats. Il faut enfin mener à terme le développement d’un marché financier capable de multiplier les possibilités de financement de l’économie.

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