En RDC, le cobalt et cuivre font (toujours) grise mine
Le secteur souffrait déjà d’une pénurie d’électricité. Avec la baisse de la demande mondiale, l’avenir s’annonce encore plus délicat.
RD Congo : les grandes manoeuvres
Constitution, élections, défiance entre pouvoir et opposition … L’année 2016 s’annonce sous haute-tension.
Le secteur minier reste le principal levier de croissance en RD Congo. Dominé par la filière cuivre, il représente 35 % du PIB, selon la chambre des mines de la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Or la conjoncture internationale est marquée par le recul des principaux cours lié à l’affaiblissement de la demande (en particulier chinoise). Les résultats pour l’année en cours et pour 2016 ont donc eux aussi été revus à la baisse.
La production de cuivre a connu une forte relance ces dernières années dans le pays, passant de 309 610 tonnes en 2009 à plus de 1 million en 2014. Les principaux gisements sont situés dans les nouvelles provinces du Haut-Katanga et du Lualaba, où ils sont exploités par une poignée de grands opérateurs : l’américain Freeport-McMoRan (Tenke-Fungurume Mining), le suisse Glencore-Xstrata (KCC et Mutanda Mining), le kazakh Eurasian Natural Resources Corporation (Boss Mining) et le chinois Minmetals Limited (MMG Kinsevere). La hausse de la production s’est en outre accompagnée d’un fort développement des activités de transformation, avec l’obligation de raffiner sur place, à partir de 2015, la totalité du minerai extrait en concentrés et cathodes de cuivre.
Jusqu’à présent, seuls le manque d’infrastructures de transport et la pénurie d’électricité limitaient l’expansion de la filière. Ses industriels estimaient tout de même les pertes de production directe liées au déficit énergétique à 50 000 t par an, la Société nationale d’électricité (Snel) ne fournissant qu’une petite moitié de la puissance nécessaire au bon fonctionnement du secteur. Et les nouveaux projets de production d’énergie ne seront pas finalisés avant 2017 au plus tôt.
Kamoto Copper Company (KCC) a produit 150 121 t de cathodes de cuivre en 2014, soit environ 15 % de la production totale du pays
À ces contraintes sont récemment venus s’ajouter deux paramètres : la chute des cours mondiaux du cuivre autour de 5 000 dollars la tonne (contre 10 000 dollars en 2011), dont l’impact se fera surtout sentir en 2016, et la suspension, à partir d’octobre et jusqu’à 2017, des activités de Kamoto Copper Company (KCC), filiale du suisse Glencore, qui a produit 150 121 t de cathodes de cuivre en 2014, soit environ 15 % de la production totale du pays. Une pause pour permettre au géant minier de restructurer ses activités et d’abaisser les coûts de production, qui avoisinent 6 500 dollars la tonne – déjà supérieurs aux cours, donc, et alors que ceux-ci pourraient descendre sous les 4 800 dollars dans les six prochains mois. Résultat : la production nationale de cuivre devrait être inférieure au million de tonnes prévu pour 2015, et baisserait en 2016.
Quant au cobalt, si la RD Congo en reste le premier producteur mondial, sa production est en recul depuis 2012 : après un pic à 99 475 t en 2011, elle est tombée à 66 319 t en 2014 et devrait s’établir à 65 690 t en 2015. Comme pour le cuivre, ce déclin est lié à l’affaiblissement de la demande mondiale et à la tendance baissière des cours. Selon les professionnels, le recul de la production devrait se poursuivre en 2016, notamment chez Mutanda Mining, autre filiale de Glencore en RD Congo.
La production nationale d’or s’envole : elle est passée de près de 8,5 t en 2013 à plus de 19 t en 2014 et devrait atteindre 26 t en 2015
Ce ralentissement s’observe dans la plupart des autres filières minières. C’est notamment le cas pour les « 3 T » – étain, wolframite et coltan (ou colombite-tantalite) -, très présents dans le Maniema, le Nord et le Sud-Kivu et la province du Tanganyika, où seule la production de coltan est en hausse. Quant à celle du diamant, en grande partie artisanale, elle est passée de 21,236 millions de carats (4 247 kg) en 2012 à 15,614 millions en 2014.
En revanche, la production nationale d’or s’envole. Elle est passée de près de 8,5 t en 2013 à plus de 19 t en 2014 et devrait atteindre 26 t en 2015, essentiellement assurée par Twangiza Mining et Namoya, filiales du canadien Banro Corporation, et par Kibali Goldmines, associant AngloGold Ashanti et Randgold Resources (45 % chacun), ainsi que la Société minière de Kilo-Moto (Sokimo).
Les cours du métal jaune sont certes eux aussi en baisse, mais la rentabilité de la filière est meilleure, notamment parce que les compagnies aurifères dépendent moins de la Snel que les industriels du cuivre pour leur approvisionnement en énergie. Mais ces bons résultats ne suffiront cependant pas à compenser le recul des autres filières extractives, dont les conséquences négatives sur l’emploi, les activités de sous-traitance, la croissance et les recettes du pays sont évidentes.
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