Livres : « Je ne suis pas Diam’s »

Dans un livre à charge, notre collaboratrice Fawzia Zouari attire l’attention de l’ancienne chanteuse de rap sur le tort qu’elle cause aux femmes musulmanes en faisant l’éloge de son abaya.

L’ex rappeuse Diam’s lors de l’émission Sept à Huit en mai 2015 © Capture d’écran/TF1 Wat TV

L’ex rappeuse Diam’s lors de l’émission Sept à Huit en mai 2015 © Capture d’écran/TF1 Wat TV

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 30 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

De prime abord, un titre coup de poing : Je ne suis pas Diam’s. Pourquoi Fawzia Zouari s’insurge-t-elle contre l’ancienne chanteuse de rap, qui s’est convertie à l’islam ? Elle n’aime pas son voile ni la propagande que Mélanie Georgiades en fait dans les médias et dans les deux livres qu’elle a consacrés à sa nouvelle vie de musulmane comblée, Mélanie, française et musulmane (Don Quichotte, 2015) et Diam’s, autobiographie (Points, 2013). Pour l’écrivaine tunisienne, le voile de Diam’s est le symbole d’une sujétion qu’elle ne peut tolérer au pays des droits de l’homme. Il balaie d’un revers de main l’histoire du mouvement féministe arabe et anéantit deux siècles de lutte pour leur libération menée qui plus est par des hommes : Rifaat al-Tahtaoui et Qasim Amin en Égypte, Mustafa Kemal Atatürk en Turquie et Habib Bourguiba en Tunisie. En 1966, ce dernier ôta de sa propre main le voile de l’une de ses compatriotes. Plus grave, selon l’auteure, le voile de Diam’s cautionne inconsciemment les discours jihadistes qui nient aux femmes leur droit à l’existence.

En 1966, ce dernier ôta de sa propre main le voile de l’une de ses compatriotes.

Boulette

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Dans un livre-pamphlet que notre collaboratrice veut pourtant « sans animosité personnelle ni colère », la chanteuse à « la boulette » en prend pour son grade. Ses déclarations médiatiques sont analysées et puis déconstruites, à l’aune des nouvelles interprétations du Coran, afin qu’elle se rende compte de « tout le mal qu’elle cause aux femmes musulmanes » en les proférant. N’est-il pas de son droit de se voiler et même de se déclarer heureuse sous son voile ? Réponse de l’auteure : si son voile est une démarche personnelle alors elle n’a pas à en faire un outil de propagande auprès de milliers de fans qui s’abreuvent de ses paroles.

Fawzia Zouari a souhaité écrire ce livre pour « l’édifier » sur le vrai visage de l’islam. Elle revient sur son histoire personnelle. Issue d’un milieu conservateur en Tunisie, elle est la fille d’un cheikh (savant religieux) et d’une mère voilée, qui voulait faire de ses filles de parfaites femmes au foyer, respectueuses de leur mari et des règles d’Allah. Elle ne voyait donc aucune utilité à les envoyer à l’école. C’est grâce à un père qui voulait voir sa fille éclore en dehors de la maison que la jeune Fawzia a été sauvée.

Communautarisme

L’image d’une Diam’s qui a choisi de se cloîtrer renvoie à l’auteure un diktat maternel contre lequel elle n’a cessé de lutter. « On ne peut pas être islamiste et féministe, voilée et moderne », tance-t-elle. Tranchante, elle affirme que l’islam, et non seulement le voile, pose problème en France, et invite les musulmans à sortir de leur communautarisme, à manifester leur diversité et à vivre réellement les valeurs républicaines. Le livre de Fawzia Zouari a de fortes chances de plaire en Occident. Moins dans les pays musulmans, où la question du voile est plus nuancée.

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9782234080942-001-X

9782234080942-001-X

Je ne suis pas Diam’s, de Fawzia Zouari, éd. Stock, 168 pages, 12,50 euros.

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