Mali : à combien s’élève le prix de la paix ?
La conférence des bailleurs de fonds qui s’est tenue à Paris le 22 octobre n’a pas permis de réunir les sommes attendues. La France a promis 360 millions d’euros. En a-t-elle les moyens ?
C’est une nouvelle pluie de milliards de francs CFA destinés au Mali qui ressort – sous la forme de promesses de papier pour l’instant – de Bâtir un Mali émergent, la conférence réunie au siège parisien de l’OCDE le 22 octobre pour concrétiser l’accord pour la paix et la réconciliation signé à Alger en juin.
Comme l’ont rappelé à cette occasion les présidents malien et français, il n’y aura pas de paix au Mali tant que les trois régions du Nord demeureront à l’écart du développement. Pour y bâtir routes et barrages, rétablir les services publics et dynamiser l’agriculture, gouvernement, bailleurs de fonds et ONG vont donc mobiliser un maximum de moyens dans le prolongement du processus de reconstruction engagé à Bruxelles en mai 2013.
François Hollande a promis que l’apport français dépasserait 360 millions d’euros pour la période 2015-2017, dont 80 millions pour les régions du Nord
Les chiffres publiés ne sont pas d’une grande limpidité. Pour les six prochaines années, les « actions de relèvement rapide » exigeraient pour le pays tout entier 2 320 milliards de F CFA (3,5 milliards d’euros). Le gouvernement a présenté un plan de stratégie spécifique de développement des régions du Nord financé sur ressources propres pour 300 milliards de F CFA sur la période 2016-2018.
Les partenaires du Mali apporteront 397 milliards de F CFA pour la période 2015-2017. Même en faisant abstraction des différences de calendriers et de calcul, le compte ne semble pas y être. François Hollande a promis que l’apport français dépasserait 360 millions d’euros pour la période 2015-2017, dont 80 millions pour les régions du Nord.
Comment la France va-t-elle apporter cet argent, alors que le budget 2016 de l’aide au développement accuse une baisse de 177 millions d’euros ? s’interroge Christian Reboul
Cette générosité suscite le scepticisme des ONG. « Comment la France va-t-elle apporter cet argent, alors que le budget 2016 de l’aide au développement accuse une baisse de 177 millions d’euros et que le fonds pour améliorer la gouvernance démocratique recule de 25 % ? s’interroge Christian Reboul, d’Oxfam France. Sans compter que l’Agence française de développement [AFD] dispose de seulement 150 millions d’euros pour soutenir plus particulièrement 16 pays dits prioritaires. »
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