Maroc : contre Hamid Chabat, la révolte gronde à l’Istiqlal

Au Maroc, les échecs et les frasques du secrétaire général de l’Istiqlal mettent ce parti au bord de la crise de nerfs.

L’ancien syndicaliste (ici en 2012). © HASSAN OUAZZANI POUR J.A.

L’ancien syndicaliste (ici en 2012). © HASSAN OUAZZANI POUR J.A.

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 27 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

«Déchabatiser » : ce verbe, qui signifie débarrasser le parti du discours populiste de Hamid Chabat, est sur toutes les lèvres à l’Istiqlal. Les membres de cette formation politique ne peuvent plus souffrir leur secrétaire général. Et réclament sa tête. « Au nom du consensus qui nous a toujours unis, il faut qu’il parte de lui-même », tonne un dirigeant du parti.

L’intéressé, il est vrai, accumule revers et faux pas. À la veille des élections communales du 4 septembre, sans en référer à ses collègues, il s’engage, à la télévision, à démissionner au cas où son parti ne remporterait pas le scrutin. L’Istiqlal arrive derrière le Parti de la justice et du développement (PJD) et le Parti Authenticité et Modernité (PAM). Pis, Chabat subit une défaite cinglante à Fès, son propre fief. Mais n’en tire aucune conclusion.

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Grande gueule qui ne craint rien ni personne, l’impulsif sexagénaire exige ensuite de Mohamed Hassad, le ministre de l’Intérieur, qu’il favorise son élection au conseil de la région de Fès-Meknès. Faute de quoi il menace de faire voter ses élus en faveur du PJD. Le ministre dénonce cette tentative de chantage au beau milieu d’un conseil de gouvernement.

Il fut un temps où l’ancien tourneur, syndicaliste aguerri, faisait souffler au sein de l’Istiqlal un vent de démocratisation. Il est devenu le symbole de sa déchéance

Indignés par le comportement de leur chef et afin de le pousser vers la sortie, les Istiqlaliens demandent alors la convocation de leur Conseil national pour le 17 octobre. Mais il est reporté sine die, nul ne sachant qui proposer pour succéder à Chabat. Le vieux Mohamed El Khalifa, qui avait pris ses distances avec le parti lorsque Chabat avait été élu à sa tête, et cherche à revenir ? Le jeune Karim Ghellab, qui n’y compte pas que des amis ? Ou le dissident Abdelouahed El Fassi, petit-fils du fondateur du parti, dont le retour signifierait que le clan familial reprend celui-ci en main ? « Et puis, nous ne voulons pas être déstabilisés à la veille des législatives de 2016 », explique-t-on à l’Istiqlal.

Alors Chabat, pas Chabat ? Le parti est à la croisée des chemins. Il fut un temps où l’ancien tourneur, syndicaliste aguerri, y faisait souffler un vent de démocratisation. Il est devenu le symbole de sa déchéance.

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