Congo : comment Bolloré transforme le port de Pointe-Noire

Sous l’impulsion du groupe français, le terminal à conteneurs est devenu le plus moderne de la sous-région. Et les chantiers d’infrastructures lancés par l’État ne feront que conforter sa position.

Le Port autonome de Pointe-Noire (PAPN) a traité près de 620 000 conteneurs EVP en 2014, contre 50 000 au tournant du millénaire (image d’illustration). © ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.

Le Port autonome de Pointe-Noire (PAPN) a traité près de 620 000 conteneurs EVP en 2014, contre 50 000 au tournant du millénaire (image d’illustration). © ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.

OLIVIER-CASLIN_2024

Publié le 13 novembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Les temps ont bien changé pour le vieux phare de Pointe-Noire. Construit en 1927, les pieds dans l’eau trouble de la baie, il sert aujourd’hui davantage de vigie aux norias de poids lourds qui font la navette entre les parcs à conteneurs gagnés sur l’Atlantique qu’aux navires qui croisent dorénavant trop loin pour profiter de ses lumières. Les trente mètres de hauteur de cette tour octogonale de béton ne dominent même plus l’horizon depuis l’installation des premiers portiques de manutention, à la fin de 2012. Depuis, la cadence s’est accélérée sur les quais, et les cargos sans âge ont laissé la place à une flotte de porte-conteneurs taillés pour fendre les océans. À cinquante mètres du sol, le regard peut suivre la courbe parfaite que dessine la côte en remontant vers le Nord et le Gabon, après la rade, où finissent de rouiller quelques épaves bercées par les va-et-vient incessants des bateaux de service qui rallient les plateformes pétrolières.

L’arrivée de Bolloré Africa Logistics (BAL) aux manettes du terminal à conteneurs, en 2009, a définitivement fait basculer le Port autonome de Pointe-Noire (PAPN) dans le monde maritime du XXIe siècle. Pour le plus grand bonheur du Congo et de la sous-région qui borde le fleuve du même nom. Le port mérite bien l’épithète de « porte océane » pour l’Afrique centrale, dont on l’avait doté dès son lancement. « Le trafic manutentionné ici est à 45 % en lien direct avec Matadi », précise Michel Antonelli, le directeur général de Congo Terminal, l’opérateur détenu par un consortium constitué par BAL à hauteur de 51 %, le danois AP Moller Terminals (APMT, filiale de Maersk) et la Société congolaise de transports (Socotrans).

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Point d’ancrage

En cumulant les activités de distribution et de transbordement vers les deux Congos, voire vers la Centrafrique, le PAPN a traité près de 620 000 conteneurs équivalents vingt pieds (EVP) en 2014, contre 50 000 au tournant du millénaire. Avec une surface de stockage doublée, le terminal sera alors dimensionné pour recevoir en même temps cinq navires de dernière génération. Ces fameux liners, d’une capacité de 7 000 EVP et qui ne peuvent accoster, faute d’un tirant d’eau suffisant, dans les ports concurrents de Douala au Cameroun, de Luanda en Angola ou de Matadi et de Boma en RD Congo. « Seule l’arrivée programmée de Kribi risque de changer la donne », confesse Michel Antonelli… pas vraiment inquiet. D’ici à l’ouverture du port camerounais, Pointe-Noire devrait conforter sa position dans la région et confirmer son rôle de point d’ancrage entre Tanger et les grands ports sud-africains pour des compagnies qui, lorsqu’elles n’y font pas encore escale, en étudient la possibilité.

La ligne du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) poursuit sa modernisation pendant que le chantier de la RN1, tirée entre Pointe-Noire et Brazzaville, devrait être bouclé au début de 2016

D’autant que les longs travaux de réhabilitation des « pénétrantes » routières et ferroviaires en direction de l’hinterland s’achèvent. La ligne du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) poursuit sa modernisation pendant que le chantier de la RN1, tirée entre Pointe-Noire et Brazzaville, devrait être bouclé au début de 2016. Sans oublier la métamorphose en cours du terminal fluvial de Brazzaville, qui, accompagnée de la rénovation du chapelet de ports secondaires qui longe le fleuve jusqu’en Centrafrique, doit redonner une nouvelle jeunesse au trafic sur le Congo, en berne depuis des années.

« Autant d’infrastructures qui vont renforcer le positionnement du PAPN en matière de transit des marchandises », estime Michel Antonelli. Sur le port, les équipes de terrassement finissent de déverser dans la baie le remblai sur lequel reposera la future extension du terminal, alors que doivent être livrés en décembre deux nouveaux portiques qui viendront s’ajouter aux quatre déjà présents sur les quais.

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Pour rentabiliser l’espace, les responsables de Congo Terminals ont déjà prévu de raser dès l’an prochain les anciens silos à céréales toujours implantés au cœur des terre-pleins. Histoire de gagner les quelques mètres carrés supplémentaires qui feront peut-être la différence face à la concurrence.

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