Agroalimentaire : baby boom au Mali

La concurrence est féroce. Pas de quoi décourager le patron du groupe minotier Sahel, qui veut faire de celui-ci le leader de la transformation de céréales dans la sous-région.

Devant les Moulins du Sahel, à Bamako. © EMMANUEL DAOU BAKARY

Devant les Moulins du Sahel, à Bamako. © EMMANUEL DAOU BAKARY

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Publié le 13 novembre 2015 Lecture : 3 minutes.

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Il a pour ambition assumée de devenir le principal meunier de la bande sahélienne. Et ne compte pas s’arrêter là. Le plan de développement de son groupe, le bien nommé Sahel, prévoit d’affecter 30 milliards de F CFA (45,7 millions d’euros) d’ici à 2017 à l’implantation de plusieurs moulins jusqu’aux confins de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), notamment au Bénin et en Côte d’Ivoire.

Un businessman adepte de la RSE

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À 58 ans, le Malien Houd Baby, dont le holding, Houd Investissement, intervient aussi dans le négoce, l’hôtellerie, l’immobilier et la distribution de gaz, n’a qu’un but : devenir le leader de la transformation de céréales dans la sous-région. C’est en 2007 que l’homme d’affaires décide de prendre pied sur le marché très rentable de l’agroalimentaire. Le groupe Sahel, qui chapeaute d’abord les Moulins du Sahel dès le début de leurs activités, en 2011, puis les Grands Moulins du Ténéré (GMT Niger), investit en 2013 dans une unité de transformation du blé à Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso. Ce projet, estimé à 3,2 milliards de F CFA, sera opérationnel dès la mi-2016 grâce au soutien de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) à hauteur de 1,9 milliard de F CFA, complété par un apport de différentes banques locales. Outre qu’il créera 120 emplois, il offrira au pays la possibilité de réduire ses importations.

Son groupe contribue notamment à la lutte contre la malnutrition ou le paludisme ainsi qu’à la prévention du VIH

Pour Houd Baby, la transformation des céréales locales, du riz au mil en passant par le maïs et le sorgho, ou importées, comme le blé, est devenu « un marché porteur, où beaucoup reste à faire pour contribuer au renforcement de la sécurité alimentaire dans cette zone ». Avec pour slogan « Nourrir l’Afrique ensemble », le businessman, qui entendait à l’origine « participer à la promotion de l’agriculture malienne » et « accompagner la politique de développement » du gouvernement, a par ailleurs déployé un plan d’action en matière de responsabilité sociétale et environnementale des entreprises (RSE). Son groupe contribue notamment à la lutte contre la malnutrition ou le paludisme ainsi qu’à la prévention du VIH.

Un marché concurrentiel

Cette success-story s’est toutefois heurtée aux dures réalités du marché de la meunerie dans cette partie de l’Afrique. Si les principaux rivaux de Houd Baby sont loin d’avoir le même rayonnement sous-régional, leur concurrence n’en est pas moins féroce. Au Mali, où la part de marché des Moulins du Sahel avoisine les 45 %, les Grands Moulins du Mali (GMM) et les Moulins modernes du Mali (M3) cherchent à grignoter ses positions. En Côte d’Ivoire, pas moins de trois opérateurs importants se partagent le secteur : les Grands Moulins d’Abidjan (groupe Mimran), les Moulins modernes de Côte d’Ivoire (groupe Carré d’or) et les Moulins de Côte d’Ivoire (LMCI). Au Sénégal, les Grands Moulins de Dakar (Mimran), la Nouvelle Minoterie africaine (NMA-Sanders) ou FKS (filiale du groupe turc Basturk) contribuent à alimenter une surproduction régionale qui se répercute sur les prix et sur le rendement des usines, qui tournent en sous-régime.

Le patron du groupe Sahel déplore en outre qu’une « concurrence déloyale » contribue à accroître les tensions sur ce marché disputé, alors que « certains opérateurs ne respectent pas les règles douanières »

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« Les Grands Moulins, en surcapacité à Dakar et à Abidjan, déversent leur production au Mali », s’inquiète Houd Baby. Le patron du groupe Sahel déplore en outre qu’une « concurrence déloyale » contribue à accroître les tensions sur ce marché disputé, alors que « certains opérateurs ne respectent pas les règles douanières ». Sans oublier les farines en provenance d’Algérie – où le blé est subventionné à 50 % – ou de Mauritanie, qui inondent la zone de manière « sauvage », pour reprendre l’expression de Houd Baby. Si l’augmentation annuelle de la demande permet d’atténuer quelque peu le phénomène, le Malien doit pourtant bien l’admettre : « À l’heure actuelle, le marché est saturé. »

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