Alain Giresse : « Quand on m’a proposé de revenir, je n’ai pas hésité »

L’ancien international français est de nouveau sélectionneur de l’équipe nationale malienne. Objectif : briller à la CAN 2017.

Alexis Billebault

Publié le 22 novembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Ibrahim Boubacar Keïta, président du Mali. © Zihnioglu Kamil/SIPA
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Trois ans après un premier passage remarqué, Alain Giresse reprend les rênes de l’équipe nationale malienne. Après deux années compliquées (et qu’il ne veut pas commenter) au Sénégal, l’ancien international français, 63 ans, espère à présent retrouver un peu de sérénité sur le banc d’une sélection qu’il souhaite emmener jusqu’aux sommets.

Jeune Afrique : Votre retour au Mali juste après la CAN 2015 était-il une évidence ?

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Alain Giresse : On peut voir les choses ainsi. Je n’étais parti qu’à peine trois ans plus tôt, avec une troisième place à la CAN en 2012. J’étais resté en contact avec des responsables de la fédération, ainsi qu’avec quelques joueurs. Comme mon premier passage à la tête des Aigles s’était plutôt bien passé, j’avoue ne pas avoir trop hésité quand on m’a proposé de revenir.

En tant qu’Occidental, je me sens relativement à l’aise, même si je ne vis pas en permanence au Mali

La situation du pays a beaucoup évolué. Le ressentez-vous quand vous êtes à Bamako ?

Bien sûr. Les Maliens ont beaucoup souffert du conflit qui a touché le nord du pays et qui a eu quelques conséquences dans la capitale. On ne peut pas parler de peur, mais on ressent une certaine inquiétude. Les gens savent que le danger n’est pas très loin. Circuler est moins facile qu’avant. En tant qu’Occidental, je me sens relativement à l’aise, même si je ne vis pas en permanence au Mali.

Quel regard portez-vous sur le football local ?

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Il y a des problèmes entre certains clubs et la fédération. Plusieurs équipes ont déclaré forfait en raison de désaccords profonds, d’autres ont été reléguées. Pourtant, malgré cette crise assez profonde et la situation du pays, le football malien ne se porte pas si mal. Le Stade malien a atteint la phase de poules de la Coupe de la CAF et, à Bamako, certains clubs comme le Stade malien, Djoliba ou le Real Bamako sont plutôt bien structurés.

Les sélections nationales de jeunes se comportent assez bien, la sélection nationale A tient son rang… Il y a aussi des académies assez performantes, dont celle de Jean-Marc Guillou et le Centre Salif-Keita. Le pays dispose d’un réservoir de joueurs intéressant. Et l’accent est mis sur la formation.

Les joueurs ont juste demandé au ministère des Sports de tenir ses engagements, financiers ou portant sur l’organisation des stages et des matchs

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La préparation du match amical face au Burkina Faso (4-1) le 9 octobre a été perturbée par une menace de grève des joueurs, agacés par des problèmes de primes et d’organisation…

Ce qui a posé problème, ce n’était pas tant la question des primes et de leur montant après le match nul au Bénin [1-1] en qualifications pour la CAN 2017 que le principe. Les joueurs ont juste demandé au ministère des Sports de tenir ses engagements, financiers ou portant sur l’organisation des stages et des matchs. Par exemple, un ostéopathe français qui n’avait pas été payé en septembre n’était pas là pour le stage avant le match face au Burkina Faso.

Je comprends les revendications des joueurs. Ils souhaitent évoluer dans un cadre professionnel, afin de se consacrer uniquement au terrain. Pour moi aussi il n’est pas simple de préparer des matchs, même amicaux, dans un contexte aussi pesant.

Seydou Keita, le capitaine historique des Aigles, rejouera-t-il avec la sélection ?

Son retrait n’est peut-être pas définitif, mais, même si au Mali certains pensent qu’il est éternel, il aura 36 ans en janvier. Il joue avec l’AS Roma à très haut niveau, cela fait plus de quinze ans qu’il porte le maillot des Aigles, il est légitime qu’il se pose la question de savoir s’il souhaite continuer ou non. De toute manière, en plus du cas personnel de Seydou, la sélection est en phase de renouvellement partiel. Des joueurs partent, d’autres arrivent. Cela fait partie de la vie des sélections. C’est un travail intéressant, qui prend plus ou moins de temps. Mais dès qu’il s’agit de football, les gens ne sont pas toujours très patients…

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