Tunisie : Béji Caïd Essebsi en opération réhabilitation de la garde présidentielle

Alors que la sécurité des chefs d’État vire à l’obsession, les agents chargés de la garantir sont moins nombreux mais mieux formés et mieux équipés. Enquête sur ces hommes qui suivent nos présidents comme leur ombre.

En 2011, Ali Seriati, le chef de la garde présidentielle tunisienne, a été accusé de préparer une contre-révolution. © STRINGER/EPA/CORBIS

En 2011, Ali Seriati, le chef de la garde présidentielle tunisienne, a été accusé de préparer une contre-révolution. © STRINGER/EPA/CORBIS

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Publié le 20 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Le président Bouteflika et ses gardes du corps, lors de l’inauguration du métro d’Alger. © AFP
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Sécurité des chefs d’État : dans le secret des gardes rapprochées

Alors que la sécurité des chefs d’État africains vire à l’obsession, les agents chargés de la garantir sont moins nombreux mais mieux formés et mieux équipés. Enquête sur ces hommes qui suivent nos présidents comme leur ombre.

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Ali Seriati était le bouc émissaire idéal. Le chef de la garde présidentielle tunisienne était l’un des plus proches collaborateurs de Zine el-Abidine Ben Ali. Cet officier, diplômé de Saint-Cyr, était, à tort ou à raison, un des hommes les plus craints du pays. Un « sécurocrate » à l’ancienne, qui ne quittait jamais son oreillette, tenu informé de tout, notamment via la salle des opérations (un centre de commandement des forces armées), privilège que le palais de Carthage partage avec les ministères de la Défense et de l’Intérieur.

Seriati est présenté comme le chef en cavale de miliciens chargés de semer la terreur et de préparer une contre-révolution pour favoriser le retour de Ben Ali

Alors, forcément, lorsque le régime commence à vaciller, le 14 janvier 2011, c’est vers lui que tous les regards se tournent. Et lorsque la nouvelle du départ de Ben Ali pour l’Arabie saoudite se propage, vers 18 heures, et qu’on apprend que le général Seriati a accompagné son patron au pied de l’avion, le faisceau de soupçons se transforme en acte d’accusation. Dépassé par la situation, en proie à une crise de paranoïa aiguë, le ministre de la Défense, Ridha Grira, ordonne aux militaires de désarmer et d’arrêter Seriati, qui était encore au salon d’honneur de l’aéroport de Tunis. Grira est persuadé que le général est au centre d’une conspiration, qu’il a forcé le dictateur à fuir pour s’emparer du pouvoir en exagérant la portée des menaces qui pesaient sur lui.

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Dès le lendemain, son nom est jeté en pâture à l’opinion. Son arrestation ayant été tenue secrète, Seriati est présenté comme le chef en cavale de miliciens chargés de semer la terreur et de préparer une contre-révolution pour favoriser le retour de Ben Ali ! La rumeur, savamment entretenue par les nouvelles autorités de transition, désigne les agents de la garde présidentielle, déguisés en civils, comme les responsables d’exactions contre la population. La peur s’installe, ce qui était le but recherché. La supercherie sera révélée au bout de plusieurs mois, et le général, poursuivi et condamné dans d’autres affaires, sera finalement libéré en mai 2014.

Certains membres de la garde présidentielle assurent aussi la garde rapprochée des journalistes et des hommes politiques

Les soupçons qui pesaient plus largement sur les 2 000 hommes de la garde présidentielle, qui officient désormais sous les ordres du colonel Raouf Mradaa, ont été dissipés. Ils s’illustreront d’ailleurs le 14 septembre 2012, en exfiltrant, à la demande du président Moncef Marzouki, les diplomates de l’ambassade américaine de Tunis, alors prise d’assaut par des salafistes. Car la sécurité du président et des résidences présidentielles ne sont pas les seules prérogatives de ces hommes. Certains, membres du Groupe d’intervention et de protection des personnalités (GIPP), assurent aussi la garde rapprochée des journalistes et des hommes politiques qui font l’objet de menaces terroristes précises.

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