Automobile : la percée du commerce en ligne en Afrique

Les sites de petites annonces automobiles sont devenus incontournables sur le marché de l’occasion. Tous essaient de monétiser leur flux de visiteurs.

Publié le 19 novembre 2015 Lecture : 3 minutes.

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Automobile : le difficile chemin vers l’industrialisation en Afrique

Découvrez un tour d’horizon complet d’un secteur automobile africain en pleine transformation : des aspirations contrariées des constructeurs automobiles dans le développement de leurs usines en Afrique à l’envol du commerce de véhicules en ligne sur le continent, de la percée de Volkswagen au Maghreb au ralentissement de Hyundai et Kia au sud du Sahara.

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Pendant des années, acheter une voiture d’occasion, c’était d’abord une histoire de bouche-à-oreille pour aller dégoter la meilleure affaire. Mais à l’heure de la digitalisation, les vendeurs misent aussi sur les sites internet pour exposer leurs produits. Les Algériens ont fait de ouedkniss.com leur site d’annonces préféré pour l’achat de véhicules. Créé en 2006 avec des moyens modiques par cinq lycéens, il est, après des débuts difficiles, devenu incontournable. Alexa.com, qui fournit des statistiques sur le trafic mondial, le classe au huitième rang des sites web les plus visités du pays.

Au Sénégal, c’est pour « centraliser l’information au niveau d’une seule plateforme » que Mapenda Diop, alors employé à la mission économique de l’ambassade de France, a créé en 2007 expat-dakar.com à destination de ses collègues expatriés. Aujourd’hui, alors que la plateforme est devenue le premier site de petites annonces du Sénégal, avec un taux de fréquentation en hausse de 20 % par an, les expatriés ne représentent plus que 30 % du flux des 600 000 visiteurs uniques par mois revendiqués par Mapenda Diop.

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La rubrique auto, avec 4 000 véhicules répertoriés, est la plus consultée. Au Maroc, Abderrazak Yousfi a créé en 2009 un site automobile généraliste que les internautes lui ont conseillé de spécialiser dans les « petites annonces ». Il a relancé deux ans plus tard moteur.ma, aujourd’hui numéro un de la vente automobile, avec 62 000 annonces classées sur un marché de l’occasion de 400 000 autos vendues en 2014.

Générer des revenus

Reste qu’une fois passée la phase de démarrage, et malgré leur notoriété, ces sites sont confrontés à la même problématique : la monétisation de leur trafic. Comme ses confrères, Mapenda Diop a créé quelques services payants (davantage de photos autorisées, visibilité en une du site…) sur son site destinés aux particuliers (2 500 à 5 000 F CFA, soit 3,8 à 7,20 euros) et surtout aux professionnels (12 000 à 55 000 F CFA). « Nous avons des difficultés à attirer ces derniers, mais ils finissent par être convaincus, car nous leur offrons la visibilité dont ils ont besoin.  »

Inquiet de la concurrence du généraliste avito.ma, Abderrazak Yousfi s’est associé en juillet dernier à Frontier Digital Ventures

Expat-dakar.com s’appuie aussi sur la publicité, y compris celle diffusée par des concessionnaires (CFAO, La Sénégalaise de l’automobile). De son côté, Abderrazak Yousfi, au Maroc, peaufine des offres à destination des professionnels, notamment du télé-conseil, afin d’être l’interface entre le marché réel et le digital. Il négocie également avec une grande marque, dont il tait le nom, pour qu’elle mette en vente sur moteur.ma ses voitures en leasing.

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Face à une concurrence qui s’accroît, des bénéfices réduits mais un potentiel énorme, les patrons sont obligés d’ouvrir leur capital. Mapenda Diop a fondu expat-dakar.com dans la société nouvellement créée, Ringier Sénégal SA, en février 2014, filiale du groupe de média suisse Ringier (905 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014), afin notamment de rivaliser avec Carmudi. Ce site de vente automobile a été lancé depuis 2013 dans neuf pays par Africa Internet Holding (AIH), filiale de l’allemand Rocket-Internet, avec l’avantage de vérifier l’état de chacun des véhicules mis en ligne.

Malgré 25 millions de dollars (22,3 millions d’euros) levés en février pour ses opérations internationales, le départ de Carmudi est loin d’être tonitruant. Inquiet de la concurrence du généraliste avito.ma, Abderrazak Yousfi s’est associé en juillet dernier à Frontier Digital Ventures, société d’investissement de Catcha Group (Malaisie) déjà présente sur le continent (afribaba.com, meqasa.com au Ghana, propertymaputo.com).

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