Algérie : Abdelaziz Bouteflika et le spectre de 2007

Alors que la sécurité des chefs d’État africains vire à l’obsession, les agents chargés de la garantir sont moins nombreux mais mieux formés et mieux équipés. Enquête sur ces hommes qui suivent nos présidents comme leur ombre.

Une centaine d’hommes protègent le président (ici à Tamanrasset, en 2011). © FAROUK BATICHE/AFP

Une centaine d’hommes protègent le président (ici à Tamanrasset, en 2011). © FAROUK BATICHE/AFP

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Publié le 23 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Le président Bouteflika et ses gardes du corps, lors de l’inauguration du métro d’Alger. © AFP
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Sécurité des chefs d’État : dans le secret des gardes rapprochées

Alors que la sécurité des chefs d’État africains vire à l’obsession, les agents chargés de la garantir sont moins nombreux mais mieux formés et mieux équipés. Enquête sur ces hommes qui suivent nos présidents comme leur ombre.

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Ce 6 septembre 2007, dans la ville algérienne de Batna (Est), Abou Mokdad, 28 ans, se fraye un chemin parmi la foule qui attend le passage du président. Dans sa main, un sac en plastique contenant une bombe. Nerveux et agité, son comportement finit par intriguer un policier en civil présent parmi l’assistance. Paniqué, le jeune homme prend la fuite. Le policier tente de le rattraper. Trop tard. Abou Mokdad jette son sac, qui explose au milieu de la foule. Un carnage. 22 morts et une centaine de blessés. Mais le kamikaze visait directement Abdelaziz Bouteflika. Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, en 1999, le chef de l’État a fait l’objet d’une tentative d’assassinat. Dans toutes les têtes alors : le meurtre du président Mohamed Boudiaf en juin 1992 par un membre du Groupement d’intervention spécial (GIS).

La sécurité du raïs est-elle défaillante ? Sept ans après l’attentat manqué, en février 2014, le chef du Front de libération nationale (FLN) Amar Saïdani a mis en cause Mohamed Mediène, dit Toufik, le patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) mis à la retraite en septembre. Il l’a accusé publiquement d’avoir failli dans la protection du président à Batna. Pourtant, aux dires de nombreux experts, jamais un chef d’État algérien n’avait été autant protégé qu’Abdelaziz Bouteflika. Ce qui n’a pas toujours été une mince affaire. Avant son AVC, survenu en avril 2013 et qui l’oblige à limiter drastiquement ses déplacements, celui-ci multipliait les sorties publiques à l’intérieur du pays et à l’étranger.

Signe d’une grande confiance à l’égard de ses anges protecteurs, le président n’hésite pas à les mettre à la disposition de ses hôtes étrangers en visite privée ou en villégiature en Algérie

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Ils sont une bonne centaine à être directement affectés à la garde rapprochée du président, sélectionnés parmi les 700 éléments qui composent la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle (DGSPP). On dit que Bouteflika entretient des rapports très affectueux avec eux. Deux fois par an, à l’occasion des fêtes de l’Aïd, Bouteflika ne manque pas de les saluer individuellement. Signe d’une grande confiance à l’égard de ses anges protecteurs, le président n’hésite pas à les mettre à la disposition de ses hôtes étrangers en visite privée ou en villégiature en Algérie, notamment des émirs du Golfe qui viennent chasser l’outarde dans le Sahara. En décembre 2006, l’ancien capitaine des Bleus, Zinédine Zidane, a eu droit à ces gardes du corps, qui ne l’ont pas quitté d’une semelle durant les cinq jours qu’il a passés dans le pays natal de ses parents.

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