Centrafrique : pour la sécurité de Catherine Samba-Panza, des Rwandais pour boucliers
Alors que la sécurité des chefs d’État africains vire à l’obsession, les agents chargés de la garantir sont moins nombreux mais mieux formés et mieux équipés. Enquête sur ces hommes qui suivent nos chefs d’État comme leur ombre.
Sécurité des chefs d’État : dans le secret des gardes rapprochées
Alors que la sécurité des chefs d’État africains vire à l’obsession, les agents chargés de la garantir sont moins nombreux mais mieux formés et mieux équipés. Enquête sur ces hommes qui suivent nos présidents comme leur ombre.
Sur les rives de l’Oubangui, la sécurité présidentielle est une tradition opaque mêlant solidarité ethnique, arrangements régionaux et relents de Françafrique. Les dix années de François Bozizé à la tête de la Centrafrique en sont l’illustration parfaite. Dès son arrivée au pouvoir par la force, en mars 2003, l’ancien président fait de sa garde rapprochée le cœur de sa politique sécuritaire. Le Bataillon pour la protection et la sécurité des institutions devient une sorte d’armée dans l’armée, et compte pas moins de 2 000 hommes, bien formés, appartenant souvent à la même ethnie que Bozizé et jalousés par des Faca (Forces armées centrafricaines) en qui le président n’a jamais vraiment eu confiance.
Le président tchadien rapatrie ses soldats en octobre 2012. Leur succèdent une trentaine de Sud-Africains
Ils sont renforcés par une cinquantaine de soldats prêtés et payés par le Tchad. « Au début, ces derniers étaient tout le temps au Palais de la renaissance, certains y dormaient même. Ils formaient le premier cercle, étaient de tous les déplacements, ouvraient et refermaient les convois de Bozizé », se souvient l’un de ses anciens ministres. Mais, plus le temps passe et moins la population accepte la présence sur son territoire de ces soldats étrangers aux pratiques jugées brutales. Le président tchadien les rapatrie en octobre 2012. Leur succèdent une trentaine de Sud-Africains.
Surpris par l’offensive de la rébellion Séléka venue du nord-est en décembre 2012, le général Bozizé pense jusqu’au dernier moment que son salut repose sur le renforcement de sa garde présidentielle. En plus du soutien de Pretoria, il décide de confier son encadrement à trois ex-officiers français liés au Groupe EHC, dirigé par Jean-Pierre Perez, ex-militaire et ancien conseiller à la présidence centrafricaine dépêché par la France. Rien n’y fera pourtant : Bozizé devra finalement quitter Bangui en catimini en mars 2013.
Catherine Samba-Panza (CSP) – à la tête d’un pays sous tutelle, soumis à l’embargo sur les armes – a confié sa sécurité à des étrangers
Entouré de soudards venus des confins de la Centrafrique, Michel Djotodia, son successeur, sollicite lui aussi les services d’anciens militaires français pour former sa garde présidentielle. Une vingtaine d’agents de sécurité salariés de Roussel arrivent à Bangui. Mais faute d’être payée, la société met rapidement fin à son aventure centrafricaine.
En revanche, c’est un peu par défaut que Catherine Samba-Panza (CSP) – à la tête d’un pays sous tutelle, soumis à l’embargo sur les armes – a confié sa sécurité à des étrangers. Dans le cadre de la résolution 2149 des Nations unies, cette tâche fait en effet partie intégrante du mandat de la Minusca. CSP, qui avait le choix entre plusieurs contingents, a jeté son dévolu sur les Rwandais (850 soldats sont déployés en Centrafrique). Les hommes de la Minusca l’accompagnent partout, sécurisent le palais présidentiel, le camp de Roux et sa résidence privée.
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