Rwanda : la sécurité de Paul Kagamé, mieux qu’Obama
Alors que la sécurité des chefs d’État africains vire à l’obsession, les agents chargés de la garantir sont moins nombreux mais mieux formés et mieux équipés. Enquête sur ces hommes qui suivent nos présidents comme leur ombre.
Sécurité des chefs d’État : dans le secret des gardes rapprochées
Alors que la sécurité des chefs d’État africains vire à l’obsession, les agents chargés de la garantir sont moins nombreux mais mieux formés et mieux équipés. Enquête sur ces hommes qui suivent nos présidents comme leur ombre.
« Même avec les Israéliens et les Américains, on n’a jamais vu ça ! » À l’occasion de la première visite officielle de Paul Kagamé en France, en 2011, le journaliste de l’AFP chargé de superviser son interview vidéo est stupéfait par les coutumes rwandaises en matière de sécurité présidentielle. L’identité des journalistes et techniciens, de même que la liste détaillée du matériel – soumis à une fouille minutieuse -, a dû être communiquée à l’avance. À l’inverse, le journaliste n’a pu connaître la date, l’heure et le lieu du rendez-vous qu’à la dernière minute.
Où Paul Kagamé passe, les portables trépassent. Pas moyen de disposer d’un tel appareil dans son environnement immédiat, mis à part une poignée de membres de sa garde rapprochée
Les services rwandais ne badinent pas avec la sécurité du président. « Lors de l’assemblée générale de la BAD à Kigali, en 2014, les officiels devaient laisser leur téléphone à l’entrée et il n’y avait aucun passe-droit », témoigne un participant. Où Paul Kagamé passe, les portables trépassent. Pas moyen de disposer d’un tel appareil dans son environnement immédiat, mis à part une poignée de membres de sa garde rapprochée, triés sur le volet. Un téléphone portable peut en effet faire office de détonateur d’explosifs …
Au début des années 1990 déjà, la sécurité du commandant en chef Paul Kagamé suivait un protocole strict
Selon un bon connaisseur du Front patriotique rwandais, cette crainte pour sa sûreté « date de l’époque de la NRA [aujourd’hui l’Uganda People’s Defence Force] puis du maquis ». Des services secrets français aux tueurs du régime Habyarimana, les menaces contre sa personne ne manquaient alors pas. Au début des années 1990 déjà, la sécurité du commandant en chef Paul Kagamé suivait un protocole strict. Même au sein de sa protection rapprochée, les prérogatives de chacun étaient rigoureusement codifiées.
À chaque apparition du chef de l’État, de la tribune officielle du stade Amahoro – le jour de la commémoration du génocide – aux grands hôtels de la capitale, chacun a pris l’habitude de venir les mains dans les poches et d’aller aux toilettes bien avant son arrivée, tout déplacement étant alors exclu. « Comparé à celui du Rwanda, le protocole de sécurité de la Maison Blanche apparaît laxiste », témoignent des journalistes qui ont pu approcher George W. Bush ou Barack Obama.
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