Nigeria – Photographie : Solomon Osagie Alonge, l’oeil de Bénin City (Diaporama)

À l’occasion de la 10e édition des Rencontres de Bamako, « Jeune Afrique » revient sur quelques pionniers de la photographie africaine.

Chief Gaius Obaseki. © Chief Solomon Osagie Alonge, Ideal Photo Studio, Benin City, Nigeria

Chief Gaius Obaseki. © Chief Solomon Osagie Alonge, Ideal Photo Studio, Benin City, Nigeria

Publié le 2 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Issu du dossier

Les pionniers de la photographie africaine

À l’occasion de la 10e édition des rencontres de Bamako, « Jeune Afrique » revient sur quelques pionniers de la photographie africaine. Et sur leurs héritiers contemporains, qui travaillent sur la mémoire.

Sommaire

Imaginez la jeunesse branchée du Nigeria des années 1940 posant librement, en pleine période coloniale, dans le studio d’un Noir. Le cliché est d’autant plus rare qu’il a été réalisé par le premier photographe officiel de la cour du royaume du Bénin, au Nigeria. Au National Museum of African Art, à Washington DC, Solomon Osagie Alonge fait l’objet d’une exposition qui retrace son travail de plus d’un demi–siècle à Benin City. Cérémonies traditionnelles, visites des invités de la cour comme la reine Elizabeth en 1956, rien n’échappait à l’objectif de cet autodidacte dont les photographies constituent la mémoire d’une époque habituellement immortalisée par le regard colonial.

la suite après cette publicité

Mais l’historiographie officielle n’était pas le seul talent d’Alonge. À l’Ideal Studio, son propre lieu de travail ouvert en 1942, il donnait aussi l’occasion aux locaux – ceux qui pouvaient se le permettre – de se faire tirer le portrait. Une première pour beaucoup ! « Les gens venaient habillés comme ils le souhaitaient », raconte Amy Staples, archiviste et commissaire de l’exposition. Tenues traditionnelles ou vêtements à la dernière mode, libre à eux de choisir.

Une démarche intime mais aussi politique : « Venir au studio était un acte d’auto-représentation, d’identification de soi non plus comme un objet colonial mais comme un sujet nigérian digne », explique-t-elle. Les photographies, d’ailleurs, transmettent ce souffle de liberté. Les regards sont rivés sur l’objectif, et les sujets, fiers, font parfois preuve d’une légère désinvolture.

en 1911, Alonge est issu d’un milieu aisé, ce qui lui permet d’accéder à la cour et d’obtenir à la fin de sa vie le titre de « chief », que son grand-père portait. Côtoyer l’élite ne l’a pas empêché de parcourir la ville à bicyclette à la rencontre de ses contemporains lors de mariages, tournois sportifs et autres événements sociaux au fil desquels il forge sa réputation. Fin observateur à l’écoute des autres, jusqu’à sa mort, en 1994, il sera le témoin privilégié de l’émergence d’une nouvelle société qu’il a lui-même accompagnée. « Il représente un véritable tournant dans la manière dont les Nigérians se représentent. Il est injustement peu connu, même au Nigeria », regrette Amy Staples. L’exposition, prolongée jusqu’en janvier 2016, contribuera sans doute à changer la donne.

>> « Chief S.O. Alonge : Photographer to the Royal Court of Benin, Nigeria » au National Museum of African Art à Washington DC, prolongée jusqu’en janvier 2016.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image