Burkina – Photographie : Sory Sanlé, l’oeil des années yéyé à Bobo

À l’occasion de la 10e édition des Rencontres de Bamako, « Jeune Afrique » revient sur quelques pionniers de la photographie africaine.

Autoportrait du photographe. © Sory Sanlé/Courtesy Florent Mazzoleni

Autoportrait du photographe. © Sory Sanlé/Courtesy Florent Mazzoleni

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Publié le 3 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

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Les pionniers de la photographie africaine

À l’occasion de la 10e édition des rencontres de Bamako, « Jeune Afrique » revient sur quelques pionniers de la photographie africaine. Et sur leurs héritiers contemporains, qui travaillent sur la mémoire.

Sommaire

Florent Mazzoleni se souviendra longtemps de sa rencontre avec Ibrahima Sory Sanlé. En 2011, alors qu’il préparait son livre Burkina Faso, musiques modernes voltaïques, il souhaitait faire la connaissance de l’auteur de pochettes de vinyles qu’il voulait reproduire. Il se rend à son studio à Bobo-Dioulasso et découvre, stupéfait, le photographe en train de brûler des négatifs, des « vieilleries » que celui qui immortalisa les nuits yéyé de Bobo pensait n’intéresser personne.

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Au milieu de la poussière, dans des malles, sont entassés quelque 300 000 négatifs relativement bien conservés. Un trésor qui révèle un travail de qualité. L’homme au Rolleiflex né en 1943 a commencé en photographiant des accidents de la route pour la police. Puis, avec l’aide d’un entrepreneur local, il ouvre son studio Volta Photo en 1960. Il fait peindre des décors en Côte d’Ivoire, achète quelques accessoires que l’on retrouve régulièrement sur ses clichés (guitare, transistor, téléphone, pistolet…). On se bouscule pour s’y faire tirer le portrait. Cent francs CFA la vue. Sory Sanlé pratique une photographie accessible, artistique et documentaire à la fois. « Il montre une jeunesse qui a soif de cinéma, écoute du funk, danse le twist », explique Florent Mazzoleni, qui le représente désormais. Chevauchant sa mobylette, Sory Sanlé parcourt Bobo et les villages avoisinants. Il transporte son studio, se rend dans les dancings et traduit les aspirations d’une société enfin libérée du joug colonial.

Sory Sanlé ne se prend pas au sérieux. Il se met lui-même en scène avec beaucoup d’humour. « Il prend la liberté de faire des images loufoques dès la fin des années 1960. Il ose aussi des photos de baisers, des portraits de femmes aux seins nus. Il a un rapport au corps désinhibé. » Une œuvre que l’on peut découvrir en partie à Bordeaux* et qui fera l’objet d’une publication de Florent Mazzoleni, Bobo yéyé !, à paraître en 2016 aux États-Unis.

* Des photographies de Sory Sanlé sont présentées dans l’exposition « Folk art africain ? » au Frac de Bordeaux jusqu’au 19 décembre et à la médiathèque de Mérignac dans l’exposition « À la rencontre de la photographie africaine », jusqu’au 8 novembre.

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