Photographie – J.D. ‘Okhai Ojeikere : architecture, sculpture et coiffure au Nigeria

À l’occasion de la 10e édition des Rencontres de Bamako, « Jeune Afrique » revient sur quelques pionniers de la photographie africaine.

« L »ensemble des photographies d’Ojeikere propose une chronologie visuelle des transitions sociales, culturelles et politiques du Nigeria » © J.D. ‘Okhai Ojeikere

« L »ensemble des photographies d’Ojeikere propose une chronologie visuelle des transitions sociales, culturelles et politiques du Nigeria » © J.D. ‘Okhai Ojeikere

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Publié le 5 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

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Les pionniers de la photographie africaine

À l’occasion de la 10e édition des rencontres de Bamako, « Jeune Afrique » revient sur quelques pionniers de la photographie africaine. Et sur leurs héritiers contemporains, qui travaillent sur la mémoire.

Sommaire

En 1950, à l’âge de 20 ans, le Nigérian J.D. ‘Okhai Ojeikere acheta pour 2 livres, à Enugu, un appareil Brownie D sans flash. À partir de cet instant, le reste de sa vie serait consacré à la photographie…

Lorsqu’on évoque aujourd’hui son travail, un an après sa mort, en 2014, c’est bien entendu pour parler de ces milliers de clichés qu’il consacra aux coiffures des femmes de son pays entre 1968 et 1999. La série « Hairstyles » représente il est vrai un corpus singulier témoignant d’une culture complexe et codifiée. Considérant la coiffeuse comme une artiste et la coiffure comme une sculpture, Ojeikere prenait en général trois images – de face, de profil, de dos – et avouait une nette préférence pour les plus abstraites, à savoir celles ne dévoilant que la nuque et le crâne. Portant pour la plupart un nom, les coiffures féminines racontent d’une certaine manière la vie au Nigeria : Ogun Pari signifie « la guerre est finie » et fut créée après la guerre civile de 1970 ; Onile Gogoro Kiko, tressée en hauteur, apparut en même temps que les gratte-ciel dans les grandes villes ; Modern Suku est, elle, réservée aux occasions exceptionnelles…

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Transitions

Pour autant, la carrière d’Ojeikere ne se limite pas aux coiffures féminines : passionné d’architecture, convaincu de la nécessité de sauvegarder un patrimoine en péril, il consacra de nombreuses pellicules aux évolutions de l’habitat urbain et aux bâtiments les plus anciens de Lagos. Passé par le ministère de l’Information, un temps photographe de plateau, l’artiste s’aventurait fréquemment en dehors de son studio afin de « documenter » son pays. Ainsi, dans les années 1960, à ses tout débuts et à l’heure de l’indépendance, il devint très populaire sur les campus universitaires, où il photographiait les étudiants sur fond d’architecture moderniste. Selon Bisi Silva, commissaire de l’exposition monographique qui lui est consacrée à l’occasion des Rencontres de Bamako, « l’ensemble des photographies d’Ojeikere propose une chronologie visuelle des transitions sociales, culturelles et politiques du Nigeria ».

« J.D. ‘Okhai Ojeikere », jusqu’au 31 décembre au Musée de Bamako.

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