Algérie : entre Bouteflika et Toufik, une pomme de discorde nommée Khelil

Après une longue éclipse, l’ex-ministre algérien de l’Énergie, Chakib Khelil, réfugié aux États-Unis, est réapparu lors d’une cérémonie tenue le 5 novembre à l’Omni Shoreham Hotel de Washington à l’occasion du 61e anniversaire de la révolution.

L’ex-ministre de l’Énergie et ami d’enfance de Bouteflika. © MARIO FOURMY/REA

L’ex-ministre de l’Énergie et ami d’enfance de Bouteflika. © MARIO FOURMY/REA

FARID-ALILAT_2024

Publié le 23 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Accompagné de son épouse, Khelil a été la vedette de la soirée. Oubliés, les mandats d’arrêt internationaux visant le couple et leurs deux fils, annulés pour vice de forme. L’histoire de ces mandats, qui ont précipité la brouille entre Bouteflika et Toufik, est rocambolesque. Grâce aux documents transmis par le parquet de Milan, qui enquête sur les contrats obtenus par la firme italienne Saipem, les Algériens ont acquis la certitude que la famille Khelil est mêlée à des opérations douteuses touchant à des projets accordés par la compagnie pétrolière à des partenaires étrangers.

Alors qu’il se trouve en vacances, le procureur général d’Alger est rappelé d’urgence par la chancellerie pour délivrer les mandats. Le patron du DRS a-t-il été mis au parfum ? Il est en tout cas peu probable que le ministre de la Justice d’alors, Mohamed Charfi, ait instruit le procureur sans en référer à Toufik. Ce dernier a-t-il informé le président que son ami d’enfance allait être inquiété ? Il semble que non.

Pour nous, il était hors de question qu’un pays étranger délivre un mandat contre un ministre algérien, même si celui-ci n’était plus en fonction, confie une source proche du dossier

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« La décision de lancer ces mandats a été prise car nous avions des informations précises indiquant que les juges italiens s’apprêtaient à faire de même contre Khelil, confie une source qui a pris part à l’opération. C’était imminent et il fallait donc les prendre de vitesse. Pour nous, il était hors de question qu’un pays étranger délivre un mandat contre un ministre algérien, même si celui-ci n’était plus en fonction. C’était une affaire de souveraineté nationale. Bien que nous connaissions l’existence d’un vice de forme concernant Khelil, sa photo, celles de sa femme et de leurs deux fils ont été transmises à Interpol. Leurs fiches sont dans la base de données de cet organisme, mais elles n’ont pas été rendues publiques à cause justement de ce vice de forme. »

La suite de ce feuilleton est tout aussi rocambolesque. Le ministre de la Justice est démis de ses fonctions en septembre 2013, Toufik est limogé deux ans plus tard et le procureur général a subi le même sort dans la foulée. Quant à Khelil, il était tout sourire le 5 novembre à l’Omni Shoreham Hotel.

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