Dennis Rodman, ancienne gloire de la NBA… et « bouffon » de la Corée du Nord ?

Entre deux frasques, l’ancienne gloire de la NBA Dennis Rodman soutient le dictateur nord-coréen. Envers et contre tous.

Dennis Rodman chante « bon anniversaire » à Kim Jong-un, le 8 janvier 2014, à Pyongyang © Kim Kwang Hyon/AP/SIPA

Dennis Rodman chante « bon anniversaire » à Kim Jong-un, le 8 janvier 2014, à Pyongyang © Kim Kwang Hyon/AP/SIPA

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 30 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Dennis Rodman est une star. Du genre very bad boy à cramer sa vie par les deux bouts. Piercé, tatoué, coloré, alcoolisé, l’un des tout meilleurs défenseurs de la NBA, dont il fut cinq fois champion, connu pour s’être un temps emmêlé in bed with Madonna, est désormais réputé pour ses démêlés avec la police. Ces derniers temps, il arrive aussi que l’on parle de lui en raison de son franc soutien à un autre very bad boy, bien plus dangereux celui-là, un certain Kim Jong-un, actuel dirigeant de la Corée du Nord. Ce n’est pas rien et il n’y a là pas de quoi pavoiser.

Quand un malheureux a déplu à un quelconque représentant du pouvoir, c’est toute sa famille qu’on déporte, au sens large, sur trois générations, écrit Élise Fontenaille

C’est ce que vient opportunément rappeler l’écrivain Élise Fontenaille avec un petit livre rentre-dedans, Lettre à Dennis Rodman, bouffon de la dictature nord-coréenne. Le premier mérite de ce texte vif est avant tout de rappeler l’enfer qu’est aujourd’hui la Corée du Nord pour la majorité de ses habitants. Un enfer où a été inventé le sympathique concept de « crime par association ». De quoi s’agit-il ? « Quand un malheureux a déplu à un quelconque représentant du pouvoir, c’est toute sa famille qu’on déporte, au sens large, sur trois générations, écrit Élise Fontenaille. Tous condamnés aux travaux forcés, tortures sans fin, viols et mauvais traitements. En raison de ce fameux concept de crime par association, les malheureux qui se retrouvent en camp ne savent souvent même pas pourquoi ils y sont… »

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Décrivant les diverses frasques de la dynastie des Kim, Élise Fontenaille souligne l’existence d’un rapport des Nations unies qui détaille avec précision, sur 1 600 pages, toute l’horreur de cette immense prison à ciel ouvert qu’est devenu le pays : personne, demain, ne pourra dire qu’il ne savait pas. Même pas Rodman, qui n’hésite pas à clamer, à propos de son ami Kim Jong-un : « He has to do the job, but he is a very good guy. »

Kim Jong-un ne s’est pas privé de traiter le président Barack Obama de « singe »

Feu nucléaire, puissantes cyberattaques, production massive d’héroïne et de métamphétamine, la Corée du Nord n’est pas une blague, même si le Net se gausse de l’impitoyable leader à l’improbable coiffure avec la série de photographies « Kim Jong-un looking at things ». Fustigeant l’engagement délirant de Rodman en sa faveur, Élise Fontenaille rappelle aussi qu’il n’est pas le seul Africain-Américain à être tombé dans le piège coréen.

Au début des années 1970, les Black Panthers Eldridge et Kathleen Cleaver devinrent en effet de fidèles zélotes de Kim Il-sung, leur allié contre les États-Unis, alors même que le régime est ouvertement raciste. Kim Jong-un ne s’est d’ailleurs pas privé de traiter le président Barack Obama de « singe »… Mais pour l’habitué des palaces de Pyongyang qu’était Eldridge Cleaver autrefois, comme pour Dennis Rodman aujourd’hui, « La Corée du Nord est le paradis sur terre ! » Ben voyons.

Lettre à Dennis Rodman, bouffon de la dictature nord-coréenne, d’Élise Fontenaille, éd. Les Échappés, 130 pages, 13,90 euros.

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