Les amitiés bien ordonnées de la diplomatie djiboutienne
Recep Tayyip Erdogan, John Kerry, Ban Ki-moon, Shinzo Abe… Les visiteurs de poids se bousculent au portillon djiboutien, soucieux de bénéficier de sa position stratégique.
Djibouti : quel avenir ?
À cinq mois de la présidentielle et dans un environnement chaotique, le pays confirme sa position de plateforme militaire et commerciale. Beaucoup reste cependant à faire en matière de développement et de démocratisation.
Djibouti serait-il en passe de devenir également un hub diplomatique ? Signe de l’intérêt croissant des grandes puissances et des nations émergentes, les visites se succèdent à un rythme soutenu depuis le début de l’année. Le pays a accueilli le président turc Recep Tayyip Erdogan en janvier, le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn est venu trois jours – une première – le mois suivant, et, en mai, le secrétaire d’État américain John Kerry s’est à son tour déplacé.
Avant cela, Djibouti avait reçu le Premier ministre japonais Shinzo Abe en août 2013 pour l’un de ses rares déplacements en terre africaine et Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, en octobre 2014, ainsi que plusieurs délégations chinoises.
Autant de marques d’intérêt contrastant avec le manque d’attention de la France, l’ex-puissance tutélaire, avec laquelle les affinités linguistiques et culturelles sont pourtant les plus fortes. Après avoir fait faux bond deux fois, Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, a fini par se rendre dans le pays qui abrite la plus grande base militaire extérieure tricolore les 26 et 27 juillet, mettant fin à une disette ministérielle de onze longues années côté français.
Il en a profité pour officialiser le départ, à terme, de 600 soldats, ce qui ramènera les effectifs des Forces françaises stationnées en République de Djibouti (FFDJ) à 1 400 hommes.
Sollicitée, la République a accepté de participer à la coalition internationale mise sur pied par l’Arabie saoudite contre les rebelles houthis du Yémen
Son rôle stratégique dans la sécurisation du détroit de Bab El Mandeb, sa stabilité politique et les facilités qu’il offre aux armées occidentales comme aux marines japonaise et chinoise expliquent la cour intense dont fait l’objet Djibouti.
Le constat vaut aussi pour les pays arabes. Sollicitée, la République a accepté de participer à la coalition internationale mise sur pied par l’Arabie saoudite contre les rebelles houthis du Yémen. Sans toutefois intervenir directement, mais en mettant à disposition ses infrastructures. Réalisme oblige, la question n’a pas vraiment fait débat dans le pays, en dépit de la présence d’une forte diaspora yéménite, souvent bien intégrée.
Les relations avec Abou Dhabi et Doha ont connu en revanche quelques accrocs
Excellentes avec Riyad, où le président Guelleh s’est rendu mi-octobre, les relations avec Abou Dhabi et Doha ont connu en revanche quelques accrocs. Le Qatar, qui s’est improvisé médiateur dans le conflit frontalier qui oppose depuis sept ans Djibouti à l’Érythrée, a déçu en refusant de faire pression sur Asmara pour un règlement négocié. Donnant parfois le sentiment de faire double jeu.
Le contentieux avec les Émirats, d’abord essentiellement commercial puisque lié à l’affaire Boreh, a viré à la crise diplomatique en avril, lorsque Abou Dhabi a jugé bon de rappeler son consul adjoint et de ne plus délivrer de visas aux ressortissants djiboutiens. Djibouti, de son côté, s’est abstenu de toute mesure de rétorsion et travaille à résoudre cette incompréhension par des moyens diplomatiques. Plusieurs pays arabes amis œuvreraient discrètement pour dissiper le malentendu.
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