Fini de voler ? À Djibouti, Houssein Rayaleh veut sauver le francolin somali

Exposé aux prédateurs sous un couvert végétal de plus en plus clairsemé, le francolin somali, symbole national, risque de disparaître. À moins que l’État ne préserve son écosystème.

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Publié le 1 décembre 2015 Lecture : 3 minutes.

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Djibouti : quel avenir ?

À cinq mois de la présidentielle et dans un environnement chaotique, le pays confirme sa position de plateforme militaire et commerciale. Beaucoup reste cependant à faire en matière de développement et de démocratisation.

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«La nature peut vivre sans l’homme, mais l’homme ne peut pas vivre sans la nature. Lorsque les gens l’auront compris, ils réaliseront peut-être que la défense de l’environnement et de la biodiversité n’est pas une lubie, mais un impératif. » Houssein Rayaleh, plus connu à Djibouti sous le surnom d’Assamo, lutte pour ne pas se laisser décourager. Cet ancien instituteur devenu ornithologue a consacré sa vie à la protection de la nature. Une gageure dans un pays qui, selon lui, n’a pas spécialement la fibre écologique. Son combat pour la conservation du francolin somali, espèce endémique de la République de Djibouti, lui a valu d’être récompensé, en 2009, par le prix du Worldwide Conservation Fund, la fondation environnementale de Disney.

Symbole national

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Cet oiseau marcheur de la famille des gallinacés, qu’il aimerait voir rebaptisé francolin de Djibouti, est devenu un symbole national depuis qu’il orne les pièces de 250 francs. Il peut vivre une quinzaine d’années, et sa population totale est estimée à 1 300 individus, répartis entre le massif de la forêt du Day et les monts Mabla, distants de 90 km et situés dans les régions septentrionales de Tadjourah et d’Obock.

L’espèce est hautement menacée par la disparition du couvert végétal qui la rend vulnérable aux prédateurs tels que l’aigle, le caracal (lynx) ou encore le varan, friand de ses œufs. « Le francolin est un patrimoine en danger, note le naturaliste, également conseiller technique du projet de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). C’est l’un des marqueurs de la biodiversité. Et son sort est intimement lié à celui des milieux où il s’épanouit, particulièrement fragilisés. Le sauver suppose donc une action globale. » En d’autres termes : il faut commencer par sauver la forêt brumeuse du Day.

Seul vestige d’un massif primaire de genévriers, cette forêt s’est contractée au rythme des réchauffements terrestres, pour couvrir un peu moins de 900 hectares aujourd’hui, soit une superficie six fois plus petite qu’il y a cinquante ans. Et la plupart des arbres qui la composent sont malades, victimes des assauts de l’armillaire, un redoutable champignon.

Certaines pratiques, comme le surpâturage, ont également entraîné des dommages quasi irréversibles sur un écosystème très sensible

Les épisodes exceptionnels de chaleur qui se sont succédé ces dernières décennies, outre qu’ils ont desséché les sols, n’ont pas aidé les genévriers. Ces arbustes ont la faculté de capter l’eau des cumulus mais, depuis une trentaine d’années, le plateau nuageux est remonté d’un cran, devenant inaccessible.

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Certaines pratiques, comme le surpâturage, ont également entraîné des dommages quasi irréversibles sur un écosystème très sensible. Les troupeaux de chèvres, qui, auparavant, séjournaient quelques semaines seulement dans le massif, y vivent désormais à l’année. Ils dévorent et piétinent les jeunes pousses, empêchant la régénération des plantes. Un phénomène qui accentue l’érosion des sols.

Pour sortir de ce cercle vicieux et enrayer l’hécatombe, le Programme de mobilisation des eaux de surface et de gestion durable des terres a replanté plus de 5 000 genévriers. Un effort louable, mais encore très insuffisant.

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Il faudra du temps pour effacer les cicatrices héritées de la colonisation. Celle-ci, qui a démarré à la fin du XIXe siècle, a créé un mouvement de sédentarisation des populations que l’indépendance a encore amplifié. La faune locale, jadis riche et variée, a alors été décimée, essentiellement par les chasseurs venus d’ailleurs. « Les peuples de la corne de l’Afrique sont des nomades, ils considèrent que les animaux sauvages appartiennent à Dieu. Les grands mammifères de la région n’étaient pas farouches. Les colons européens les ont quasiment exterminés en trente ans », explique Houssein Rayaleh, qui compte bien éviter un sort aussi tragique au francolin.

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