Frédéric Geerts livre son diagnostic d’afro-optimiste réaliste

Administrateur délégué de la banque Martin Maurel Sella, Frédéric Geerts livre sa vision du continent. Et rêve d’un plan concerté européen qui soutienne ses grands projets.

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 7 décembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Vue aérienne de la principauté © Valery Hache/AFP
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Monaco, cap au Sud

Dix ans après le début du règne d’Albert II, la principauté se tourne de plus en plus vers l’Afrique.

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S ‘il est quelqu’un de persuadé que « Monaco est une bonne place pour travailler avec l’Afrique », c’est Frédéric Geerts, secrétaire général du Club des entrepreneurs monégasques en Afrique (Cema) et administrateur délégué de la banque Martin Maurel Sella, qui, depuis la principauté, accompagne des investisseurs désireux de miser sur l’Afrique. D’abord parce qu’il souscrit à la phrase du roi belge Léopold II, qui disait qu’« un pays bordé par la mer n’est jamais petit » et que Monaco jouit de cette parfaite configuration.

Ensuite parce que, belge lui-même, il a habité à Kinshasa dans sa jeunesse. Enfin parce qu’il regrette que l’Europe n’appréhende pas suffisamment le fait que l’Afrique soit devenue et sera une terre d’opportunités, malgré ses handicaps. « De plus en plus de gens y possèdent un téléphone, une connexion internet et un compte bancaire, constate-t-il. Mais il subsiste une masse de gens vivant au seuil de la survie, ce qui ne les empêche pas de garder le sourire, l’optimisme, et de conserver le sens de la famille. »

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Oui, la gouvernance progresse, par exemple au Sénégal ou en Côte d’Ivoire. Un pays compliqué comme le Nigeria (une démocratie à système fédéral, 180 millions d’habitants) se stabilise. En matière de climat des affaires, on note de bons élèves partout, et l’administration devient plus efficiente. Même l’économie informelle, si répandue, « n’est pas une tare, car elle permet à la majorité de vivre sans être assistée et elle disparaîtra progressivement avec la montée de la classe moyenne », affirme le banquier. Mais ces progrès sont très lents, et une certaine instabilité politique, juridique et administrative demeure.

Confiant

Bien qu’il soit conscient que le continent connaîtra encore « des moments difficiles », Frédéric Geerts demeure confiant. À condition que l’Afrique investisse dans l’éducation, son immense jeunesse peut devenir un atout. Ses richesses naturelles en sont un autre. Et elle émet peu de gaz à effet de serre. Ses marchés communs (UEMOA, Comesa, SADC, etc.) gagneraient à être complétés par des projets panafricains. « Les grands groupes africains du BTP, de l’énergie, de la banque ou des télécoms essaient de sortir de leurs frontières », rappelle-t-il, mais le mouvement est encore timide, alors qu’il y aurait tant à faire. « La production d’électricité et le barrage d’Inga, en RD Congo, sont un bon exemple de ces projets panafricains à réaliser, souligne-t-il. Citons aussi la logistique, qui est un réel challenge et qui peut être améliorée, comme le prouvent les réalisations du groupe Bolloré à Pointe-Noire [Congo], à Kribi [Cameroun] ou en Afrique de l’Ouest. »

Il souhaiterait que l’Europe ait « une vision » de ce qu’elle voudrait faire en partenariat avec ce continent

Dans l’accompagnement de ces projets, Frédéric Geerts constate que « l’Europe risque de se faire damer le pion par la Chine et l’Inde, alors qu’elle a sa place en Afrique, après le choc des indépendances, compte tenu des relations naturelles d’amitié, d’histoire et de fuseaux horaires ». Il souhaiterait que l’Europe ait « une vision » de ce qu’elle voudrait faire en partenariat avec ce continent et verrait bien « un plan concerté européen » dans les infrastructures africaines.

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Cela permettrait peut-être aux investisseurs européens – plus frileux que les Chinois, les Indiens, les Turcs ou même les Marocains – de se joindre en plus grand nombre à ceux qui font déjà confiance à l’Afrique et depuis longtemps, comme les entreprises monégasques du Cema, qui ont contribué à doubler les exportations de la principauté vers ce continent depuis dix ans.

Des échanges de plus en plus soutenis

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• Les exportations de la principauté vers l’Afrique sont passées de 78,1 millions d’euros en 2009 à 142,5 millions d’euros en 2014 (12,5 % du total des exportations monégasques), soit une hausse de plus de 82 %. L’Algérie, la Tunisie, la Côte d’Ivoire, le Gabon et le Congo figurent parmi les 20 premiers clients internationaux du Rocher.

• La valeur des importations depuis l’Afrique est passée de 69,7 millions d’euros en 2009 à 38,2 millions d’euros en 2013 et 40,9 millions en 2014, soit 3,9 % du total des importations de la principauté (contre plus de 20 % de 2009 à 2011). La Tunisie est le seul pays africain à faire partie du top 20 de ses fournisseurs en 2014, avec une belle 9e position, pour une valeur de 27,8 millions d’euros, soit 2,4 % du total des importations monégasques.

• Principaux secteurs d’activité sur le continent : banque-finance-assurance ; expertise et conseil ; télécoms et TIC ; logistique ; négoce international ; sécurité ; environnement.

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