Patricia Husson : « Pour travailler en Afrique, il faut l’aimer »

Présidente d’honneur du courtier d’assurances Ascoma, Patricia Husson préside le Club des entrepreneurs monégasques en Afrique (Cema) depuis sa création, en mai 2014.

Présidente d’honneur du courtier d’assurances Ascoma, Patricia Husson préside le Club des entrepreneurs monégasques en Afrique (Cema). © DR

Présidente d’honneur du courtier d’assurances Ascoma, Patricia Husson préside le Club des entrepreneurs monégasques en Afrique (Cema). © DR

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Publié le 29 décembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Vue aérienne de la principauté © Valery Hache/AFP
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Monaco, cap au Sud

Dix ans après le début du règne d’Albert II, la principauté se tourne de plus en plus vers l’Afrique.

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Fort de ses 14 membres – qui comptent plus de 4 000 collaborateurs, de nombreuses filiales et réalisent 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires dans 45 pays d’Afrique -, le Cema s’inscrit résolument dans un objectif de développement sur ce continent. Sa présidente commente la réussite du premier voyage d’études du Club en RD Congo, en octobre.

Jeune Afrique : Pourquoi avez-vous créé le Cema ?

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Patricia Husson : Avec ES-KO, Martin Maurel Sella, Mercure international, Sonema et Ascoma, ses membres fondateurs, nous nous sommes rencontrés souvent sur le terrain et nous avons découvert que nous avions un ADN africain en commun. Nous avons donc fondé le Cema, avec le soutien de la Fédération des entreprises monégasques et du Monaco Economic Board, pour montrer que Monaco est un pays performant et qu’il a une vraie culture de l’international grâce à l’impulsion du prince Albert.

Le Club est destiné à mieux nous faire connaître, car nous représentons tous des entreprises familiales. Il a aussi pour but de nous entraider sur le terrain, d’organiser des voyages afin d’être à l’écoute de nos interlocuteurs africains et de connaître les analyses sur leurs pays respectifs et sur l’Afrique en général. Il a également pour vocation d’accueillir à Monaco des universitaires, des chefs d’entreprise, des hommes politiques venus du continent ou des personnalités qui le connaissent bien. Nous avons notamment reçu une délégation de l’île Maurice l’an dernier et, ce mois-ci, les responsables du Conseil français des investisseurs en Afrique [Cian]. Par ailleurs, nous rentrons d’un voyage d’études à Kinshasa et avons décidé de faire chaque année un voyage dans un pays africain différent. Nous envisageons la Côte d’Ivoire comme destination pour l’an prochain.

Nous y avons découvert un pays étonnant, où l’on sent un vrai désir de changement

Que rapportez-vous de ce séjour à Kinshasa ?

Nous y avons découvert un pays étonnant, où l’on sent un vrai désir de changement, beaucoup d’honnêteté intellectuelle et l’absence de langue de bois. C’est la première fois que nous avons bénéficié – et à plusieurs reprises – d’analyses objectives de ce qui va et de ce qui ne va pas en Afrique.

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Quels sont les atouts du continent ?

La fidélité, et ce côté très affectif qui nous fait y rester même en temps de crise. Pour travailler en Afrique, il faut l’aimer. Sans oublier son potentiel humain formidable et aussi, bien sûr, ses ressources naturelles.

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Ses handicaps ?

Un manque évident de moyens pour la formation, qui laisse la jeunesse démunie sur le marché du travail. Même si des progrès sont notables dans la plupart des secteurs, nous pensons qu’une gouvernance plus stable et qu’une meilleure sécurité juridique et judiciaire seraient de nature à encourager plus d’opérateurs à investir sur le continent. Ce qui renforcerait encore sa croissance.

Les élites africaines reviennent au pays et contribuent à la montée de ce désir que nous avons perçu de le développer

Vous croyez en l’Afrique ?

Même si elle est parfois chaotique, oui, nous avons confiance en elle. Les élites africaines reviennent au pays et contribuent à la montée de ce désir que nous avons perçu de le développer. Mais on ne peut pas parler d’une Afrique uniforme, dans l’espace comme dans le temps. La Côte d’Ivoire illustre bien ces hauts et ces bas. Ce pays a connu d’abord une croissance exceptionnelle avant de traverser une crise dramatique. Aujourd’hui, il est spectaculairement reparti.

Pour conclure, je voudrais dire que notre pays a, de longue date, des liens et des échanges avec l’Afrique, qui est aujourd’hui le deuxième partenaire économique de la principauté. Ces liens sont irrigués et entretenus par un réseau consulaire important avec lequel le Cema a d’étroites et excellentes relations.

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