Présidentielle burkinabé : dans la sous-région, leurs coeurs balancent
Une élection se gagne aussi avec des soutiens extérieurs. Dans le duel annoncé entre Zéphirin Diabré (UPC) et Roch Marc Christian Kaboré (MPP), les chefs d’État de la sous-région ont chacun leur préférence, même s’ils se gardent bien de l’afficher.
Outre les connexions idéologiques entre les uns et les autres (socialistes plutôt pro-Kaboré, libéraux plutôt derrière Diabré), la véritable ligne de fracture se situe dans leurs rapports avec Blaise Compaoré. À cet égard, Diabré a paru plus conciliant (il a affirmé qu’il ne refuserait pas les éventuels soutiens venus du CDP, l’ancien parti au pouvoir), tandis que Kaboré et Salif Diallo, le vice-président du MPP, sont tenus par beaucoup comme responsables de la chute de l’ex-président.
Mahamadou Issoufou est conseillé depuis plusieurs années par Salif Diallo, et sa préférence va à Kaboré
Quelles conclusions en tirer ? À Niamey, Mahamadou Issoufou est conseillé depuis plusieurs années par Salif Diallo, et sa préférence va à Kaboré – le président nigérien en fait peu mystère. Ses homologues guinéen, Alpha Condé, et malien, Ibrahim Boubacar Keïta, font partie de l’Internationale socialiste (IS). Officiellement, ils n’ont exprimé aucune préférence, mais sans doute se sentent-ils une certaine proximité avec Kaboré (même si « Zéphirin » a, comme « Roch », été invité au congrès du Parti socialiste français, à Poitiers, en juin, histoire de ne froisser aucune susceptibilité).
Quid de Faure Gnassingbé ? Lui aussi est resté silencieux, mais le président togolais considérait « Blaise » comme un grand frère, et Fatou Diendéré, la femme du général putschiste Gilbert Diendéré, a trouvé refuge à Lomé. Reste enfin le cas de l’influent voisin ivoirien, Alassane Ouattara. Sa proximité avec Compaoré est connue, mais il s’efforce d’afficher une certaine neutralité et n’a souhaité recevoir ni Kaboré ni Diabré, dont il se sent pourtant plus proche. Considère-t-il lui aussi le candidat du MPP comme le tombeur de Blaise ?
Une chose est sûre : certains, dans son entourage, ont choisi leur camp. Hamed Bakayoko, le ministre de l’Intérieur, penche plutôt en faveur de Kaboré, tandis que Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale, ne cache pas le peu de sympathie que lui inspirent Salif Diallo et le MPP.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles