Ces écoles qui construisent le continent

Crise des vocations, offre pédagogique mal adaptée… L’Afrique ne produit pas assez d’ingénieurs, au risque de ralentir son développement économique. Focus sur les trop rares établissements de bon niveau de la zone francophone.

Diplômés de l’Institut national de statistiques et d’économie appliquée de Rabat. © Insea

Diplômés de l’Institut national de statistiques et d’économie appliquée de Rabat. © Insea

Julien_Clemencot

Publié le 11 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Diplômés de l’Institut national de statistiques et d’économie appliquée de Rabat. © Insea
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Formation : les écoles d’ingénieurs, avenir du continent

Crise des vocations, offre pédagogique mal adaptée … L’Afrique ne produit pas assez d’ingénieurs, au risque de ralentir son développement économique. Focus sur les trop rares établissements de bon niveau de la zone francophone.

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Sa démographie, ses salaires à bas coût, des centaines d’infrastructures à portée régionale en cours de construction, l’Afrique affiche déjà pour certains le profil de la future usine du monde. Mais ce grand dessein ne se réalisera pas sans une main-d’œuvre qualifiée, à commencer par des ingénieurs formés selon les meilleurs standards. Et, sur ce plan, les progrès à accomplir sont encore gigantesques.

Selon la Fédération africaine des organisations d’ingénieurs, il manquerait actuellement 2 millions de professionnels sur le continent. On en compte actuellement un pour 6 000 à 10 000 habitants, suivant les pays, contre un pour 270 habitants en moyenne en Europe. La pénurie d’ingénieurs limite la capacité à innover, à réaliser des gains de productivité et, à la fin, ralentit le développement socio-économique du continent.

Le déficit de candidats est un phénomène global, ces filières étant perçues comme arides, difficiles et pas forcément rémunératrices

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S’ils sont aussi rares, c’est avant tout parce que les disciplines scientifiques et techniques ne séduisent plus. Le déficit de candidats est un phénomène global, ces filières étant perçues comme arides, difficiles et pas forcément rémunératrices. En Afrique comme ailleurs elles sont directement concurrencées par les études en management ou en finance.

Mais les écoles et les bailleurs doivent aussi faire leur aggiornamento si le continent ne veut pas produire des sous-ingénieurs incapables d’embrasser toutes les facettes de leurs missions. Au-delà de leurs connaissances scientifiques et technologiques, ces professionnels doivent désormais posséder une aptitude au management et à la négociation, un goût pour le design – qui s’est infiltré partout, de la naissance d’un concept à la vente d’un service ou un produit -, tout en sachant prendre du recul pour intégrer des enjeux tels que la durabilité. « Trop souvent, les écoles d’Afrique francophone restent sur des logiques de silos héritées du modèle français, qui d’ailleurs n’a plus cours dans l’Hexagone », constate Paul Ginies, ex-directeur de l’Institut 2iE et désormais président de la commission éducation-formation du Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian).

Une évolution pédagogique qu’un certain nombre d’écoles ont cependant déjà entamée, le plus souvent en nouant des partenariats académiques avec leurs homologues du Nord et en dialoguant avec le secteur privé. À l’occasion de son dossier formation, Jeune Afrique vous propose une sélection des meilleures écoles de l’Afrique francophone, très souvent publiques, car le privé se concentre volontiers sur la formation en management, qui requiert moins d’investissements.

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