Côte d’Ivoire : le retour en grâce de l’INP-HB ?
Crise des vocations, offre pédagogique mal adaptée … L’Afrique ne produit pas assez d’ingénieurs, au risque de ralentir son développement économique. Focus sur l’Institut national polytechnique Félix-Houphouët-Boigny (INP-HB) de Yamoussoukro.
Formation : les écoles d’ingénieurs, avenir du continent
Crise des vocations, offre pédagogique mal adaptée … L’Afrique ne produit pas assez d’ingénieurs, au risque de ralentir son développement économique. Focus sur les trop rares établissements de bon niveau de la zone francophone.
Peut-on d’ores et déjà parler de renaissance pour l’Institut national polytechnique Félix-Houphouët-Boigny (INP-HB) ? Sans doute faut-il modérer son enthousiasme. Cependant, en moins de trois ans, son directeur, Koffi N’Guessan, dont le travail a fait ses preuves à l’École nationale supérieure des statistiques appliquées (Ensea) d’Abidjan, a remis l’institut, situé à Yamoussoukro, sur les rails.
Audits
En 2011, au lendemain de l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir, l’INP-HB était sorti miné d’une décennie de crise politique. Deux audits avaient mis son déclin en évidence. Les diplômés rencontraient des difficultés à s’insérer sur le marché du travail et, quand ils décidaient de poursuivre leurs études en Europe ou aux États-Unis, se retrouvaient à la traîne.
Quatorze milliards de F CFA ont été alloués à la réhabilitation des infrastructures et à la rénovation des programmes pédagogiques.
Pour sortir ce symbole national de l’ornière, le nouveau patron a défini cinq axes : diversifier l’offre de formation initiale et de formation continue, développer des pôles de recherche, améliorer la gouvernance, signer des partenariats avec de grandes écoles et améliorer les conditions de travail. Ce plan de bataille a reçu le soutien de l’Agence française de développement (AFD) via le contrat désendettement développement (C2D). Quatorze milliards de F CFA ont été alloués à la réhabilitation des infrastructures et à la rénovation des programmes pédagogiques.
Nationalités
Aujourd’hui, le retour des étudiants africains valide la stratégie de la direction. Plus de quinze nationalités sont sur les bancs de l’INP-HB : Comoriens, Nigériens, Burkinabè, Nigérians… Pour élargir son recrutement, l’institut, dont les formations coûtent à l’année entre 5 et 20 millions de F CFA, organise aussi ses concours d’entrée à Brazzaville.
La Banque mondiale a fait de l’INP-HB un centre d’excellence pour le secteur minier.
Du côté des partenariats, l’école de Yamoussoukro possède de solides arguments. La création, en son sein, de l’École supérieure du pétrole et des métiers associés est soutenue par l’université de Pau, en France, avec le concours du groupe Total. La Banque mondiale a fait de l’INP-HB un centre d’excellence pour le secteur minier. Sans parler de l’accord passé avec Polytechnique Paris, qui a envoyé des professeurs pour assurer des cours préparatoires à une partie des étudiants, qu’elle accueillera ensuite.
Le prochain challenge de l’INP-HB concerne l’évolution de son statut. S’il peut s’affranchir du lien direct qui le lie à l’État, l’institut espère diversifier ses ressources et ainsi viser l’excellence tout en augmentant le nombre de ses élèves. La question est toujours à l’étude…
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