Tunisie : jihad au féminin

Alors que les attentats de Paris ont révélé les failles sécuritaires de l’Europe, comment le continent, qui conjugue à la fois une grande habitude et une vraie impuissance, lutte-t-il contre les groupes jihadistes ?

Un drapeau de l’Etat islamique à Rashad en Irak. © Jm Lopez/AFP

Un drapeau de l’Etat islamique à Rashad en Irak. © Jm Lopez/AFP

Publié le 1 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Le drapeau de Boko Haram à Gambaru,  au Nigeria, après que les troupes tchadiennes ont chassé le groupe terroriste, en février 2015. © Stéphane Yas/AFP
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Elles étaient sept Tunisiennes à se livrer, derrière leurs ordinateurs, au cyberjihad. Lors de leur arrestation, le 16 novembre, Rim, Meriem, Sarra et les autres ont avoué leur appartenance à Jund el-Khilafa, katiba ayant fait allégeance à Daesh, dirigée par Seifeddine Jamali, un terroriste de 23 ans en fuite depuis l’attentat d’El-Kantaoui, en juin 2015. « À aucun moment elles n’ont semblé prendre la mesure de leurs actes », selon des enquêteurs.

On leur reproche pourtant d’avoir diffusé des appels à la haine et à la violence et d’avoir incité au jihad via les réseaux sociaux. Conformément à des instructions reçues par messagerie, elles routaient essentiellement des messages mis en ligne par les communicants de l’EI et exprimaient un tel enthousiasme à chaque attaque terroriste en Tunisie qu’elles s’étaient constitué leur propre réseau sans se connaître entre elles. Amitié virtuelle avec une guerre idéologique en arrière-fond, rien de tel pour séduire et souder ces jeunes femmes de 19 à 23 ans, issues de la classe moyenne mais atteintes par un certain mal de vivre.

L’existence de cellules féminines est établie depuis la période de la troïka, qui a permis la diffusion de l’extrémisme en fermant les yeux sur toutes les dérives, précise Alaya Allani

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Toutes sont tombées sous le charme des prêches de Kamel Zarrouk, numéro deux d’Ansar al-Charia, donné pour mort à Raqqa, en Syrie. La plupart avaient entamé un cursus universitaire scientifique, mais elles ont très vite abandonné leurs études et se sont radicalisées. Certaines ont coupé tout lien avec leurs familles. « L’existence de cellules féminines est établie depuis la période de la troïka, qui a permis la diffusion de l’extrémisme en fermant les yeux sur toutes les dérives », précise Alaya Allani, universitaire et spécialiste des mouvements jihadistes. Les femmes ne sont plus cantonnées au jihad sexuel, ou à un rôle de cantinière, elles recrutent ou passent à l’acte. Ainsi d’Emna, administratrice d’une page takfiriste arrêtée en juin à Siliana, dans le nord du pays. Celle-ci incitait à « accomplir le devoir du jihad et à éliminer toute personne qui s’opposerait à l’instauration de l’EI en Tunisie ».

Certaines choisissent de mourir les armes à la main. Ce fut le cas en octobre 2014 avec les filles du groupe de Chabaou (Tunis), dont faisaient partie Beya Ben Rejab, une étudiante en technologie originaire de Bizerte, Amina Amri, une major au baccalauréat originaire de Nefta, et Henda Saidi, une étudiante de 21 ans qui habitait La Marsa.

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