Togo : ça repart pour les phosphates
La filière bénéficiera d’un grand coup d’accélérateur avec le méga-projet de Kpémé, attribué en septembre à l’israélien Elenilto et à son partenaire chinois Wengfu.
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Dans les années 1980 et 1990, les phosphates constituaient la principale source de recettes d’exportation et représentaient 40 % des recettes de l’État. Mais la production annuelle du pays a énormément régressé, passant de 3,39 millions de tonnes en 1989 à 800 000 en 2009, à cause de la vétusté des installations, d’une mauvaise gestion et de l’incapacité de l’Office togolais des phosphates puis de l’International Fertilizers Group-Togo (dissous) à investir.
Depuis 2010, le gouvernement a mis en place un plan de relance de la filière estimé à plus de 200 milliards de F CFA (près de 305 millions d’euros) d’investissements sur la période 2011-2015 afin de doper la production. Cette stratégie s’est appuyée sur la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT, publique), dirigée par Michel Kézié. Une première phase a consisté à remettre à niveau et à moderniser toutes les installations existantes et à ouvrir deux nouvelles mines, à Dagbati et à Nyita, dans le sud du pays, près de Lomé. La seconde phase a porté sur l’acquisition de moyens logistiques de pointe.
Les résultats ne se sont pas fait attendre, même s’ils sont encore loin de l’objectif de 2,5 à 3 millions de tonnes espéré en 2011, lors du démarrage du plan de relance : la production est repassée à 1,1 million de tonnes en 2012 et est restée stable en 2013. Selon le dernier rapport réalisé par le cabinet britannique Moore Stephens LLP pour l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie-Togo), publié en septembre, la filière phosphate a généré 24,3 milliards de F CFA, soit 27 % du total des recettes d’exportation du pays en 2013, après le clinker (43,5 milliards, soit 49 % des recettes à l’export) et juste devant l’or (21,5 milliards, 24 %), qui sont les deux autres principaux produits miniers exportés par le pays.
Le défi du redressement de la filière
Après un investissement de 6 milliards de F CFA en 2014, une production de 1,11 million de tonnes et un chiffre d’affaires en hausse (à 57,75 milliards de F CFA), la SNPT table sur une production de 1,5 million de tonnes pour l’année 2015, malgré le mouvement de grève de ses travailleurs au premier semestre, qui a conduit à suspendre les opérations pendant plusieurs semaines sur ses sites de la région Maritime, à Hahotoé (30 km au nord-est de Lomé) et à Kpémé (32 km à l’est de Lomé).
Si le plan de relance 2011-2015 arrive à échéance, l’État compte bien poursuivre le redressement de la filière. Il s’est notamment rapproché du puissant groupe marocain OCP, numéro un du secteur, afin que ce dernier noue un partenariat avec la SNPT. Mais pour le moment, le principal défi pour Marc Ably-Bidamon, le ministre des Mines et de l’Énergie, c’est l’aboutissement du mégaprojet d’exploitation et de transformation de phosphate carbonaté et d’engrais de Kpémé, l’un des plus grands gisements en Afrique subsaharienne (avec des réserves estimées à plus de 2 milliards de tonnes).
Au terme de quatre ans de négociations et d’un appel d’offres international (auquel participaient l’australien Balamara Resources et l’indien Coromandel), le développement de ce projet a finalement été confié, début septembre, au consortium formé par Elenilto (filiale du groupe Engelinvest, contrôlé par l’Israélien Jacob Engel) et son partenaire stratégique, le chinois Wengfu. L’investissement pour la construction de l’usine de production d’acide phosphorique et d’engrais est estimé à 1,4 milliard de dollars (environ 1,3 milliard d’euros), financé à 60 % par Elenilto et à 40 % par Wengfu, qui prévoient de commercialiser, d’ici à trois ans, au moins 3 millions de tonnes de phosphate de roche concentré, 500 000 t d’acide phosphorique et 1,3 million de tonnes de fertilisants par an. De quoi apporter une véritable valeur ajoutée et un grand coup d’accélérateur au redéploiement de la filière
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