Djibouti : la Chine va construire sa première base militaire (et ce ne sera pas la dernière)

La Chine s’apprête à construire une base militaire dans la petite République, sur la route maritime la reliant au Moyen-Orient. Et d’autres devraient suivre…

L’île du Diable sur le Ghoubet, à Djibouti. Janvier 2015 © Vincent Fournier/J.A.

L’île du Diable sur le Ghoubet, à Djibouti. Janvier 2015 © Vincent Fournier/J.A.

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Publié le 3 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Le 26 novembre, la Chine a confirmé la construction d’une base militaire à Djibouti, la première perle d’un collier dont elle compte parer la route maritime qui la relie au Moyen-Orient en vue de mieux sécuriser ses approvisionnements. Cette « installation logistique » – selon la terminologie utilisée par Pékin – a officiellement pour but de ravitailler les navires et d’octroyer des temps de repos aux troupes chinoises, employées depuis 2008 le long de la Corne de l’Afrique dans le cadre des missions onusiennes de lutte contre la piraterie. Pour les experts, cette annonce du ministère chinois des Affaires étrangères témoigne de l’ambition du pays de devenir une grande puissance maritime, à l’égal des États-Unis.

La Chine prévoit d’installer toute une chaîne de bases militaires passant par différents pays d’Asie du Sud-Est avant de rejoindre les ports kényans et soudanais via le Pakistan. Le choix de Djibouti comme premier maillon ne doit rien au hasard : Pékin a beaucoup d’intérêts économiques dans les pays qui bordent l’océan Indien.

Djibouti est une porte d’entrée privilégiée, « un point stratégique sur la nouvelle route de la soie », se félicitait il y a quelques semaines Mahmoud Ali Youssouf

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Premier partenaire commercial du continent, où vivent plus d’un million de ses ressortissants, la Chine veut protéger les milliards d’investissements accordés par ses banques pour équiper l’Afrique de l’Est en infrastructures. Et Djibouti, où elle multiplie les chantiers depuis 2012, est une porte d’entrée privilégiée, « un point stratégique sur la nouvelle route de la soie », se félicitait il y a quelques semaines Mahmoud Ali Youssouf, le ministre des Affaires étrangères de la petite République.

Aucune information n’a encore filtré sur la nouvelle base, qui pourrait aussi bien être construite face à la capitale, à proximité du terminal de Doraleh, qu’au nord du pays, à Obock. La visite éclair du chef d’état-major de l’armée chinoise, le général Fang Fenghui, à Djibouti début novembre, semble néanmoins « avoir accéléré la conclusion d’un accord d’une durée de dix ans », selon les services de renseignements américains, inquiets du poids pris par la Chine dans le pays ces derniers temps. Une raison supplémentaire pour les États-Unis d’y renforcer leur présence. Washington a prévu de dépenser 1,4 milliard de dollars pour améliorer l’ordinaire de ses milliers de GI installés depuis 2003 dans le camp Lemonnier, qui sert de base aérienne aux chasseurs F-15 et aux drones utilisés dans la région.

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