Togo – Portrait : Germain Essohouna Meba, homme de réseaux

PDG de la société d’informatique Cib-Inta, président de la Chambre de commerce et d’industrie et proche du chef de l’État, Germain Essohouna Meba est l’un des patrons les plus influents du pays.

Le self-made-man a étendu ses activités au transfert de fonds. © APRÉSENT POUR J.A.

Le self-made-man a étendu ses activités au transfert de fonds. © APRÉSENT POUR J.A.

ProfilAuteur_EdmondDalmeida

Publié le 7 décembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Togo, 5 ans pour tout changer © Àprésent
Issu du dossier

Togo : 5 ans pour tout changer

Une décennie après son arrivée au pouvoir, Faure Gnassingbé entend donner la priorité au social au cours de son troisième mandat. Les défis ne manquent pas …

Sommaire

À 53 ans, Germain Essohouna Meba dirige l’une des plus anciennes sociétés d’informatique du pays, Cib-Inta, et, depuis octobre 2014, il a été élu à la tête de la Chambre de commerce et d’industrie du pays (CCIT), dont il était jusqu’alors le premier vice-président. « J’ai compris très tôt que mon avenir serait dans l’autoentrepreneuriat », aime à rappeler le self-made-man. Il vient également, le 19 novembre, de prendre la présidence de la Conférence permanente des chambres consulaires africaines et francophones en remplacement d’Albert Yuma (RD Congo).

À douze ans, alors que ses camarades occupent leur temps libre à jouer au foot, Germain Meba aide sa mère à élever des cochons qu’il vend à de grandes boucheries jusqu’à 25 000 F CFA par tête (environ 40 euros), une belle somme à l’époque. Il obtient brillamment son baccalauréat en 1986, commence ses études supérieures à l’université de Lomé (ex-université du Bénin) et à celle d’Abomey-Calavi (à Cotonou), puis, en 1988, bénéficie d’une bourse du gouvernement togolais, qui lui permet d’aller étudier l’informatique à Toulouse, dans le sud-ouest de la France – un cursus qu’il complétera plus tard par un master en Inde.

la suite après cette publicité

Le jeune diplômé fait le pari risqué de rentrer à Lomé dès 1992, en pleine période d’instabilité politique. « Nombre de mes amis ont tout fait pour m’en dissuader, mais je sentais bien que mon avenir était au Togo », explique-t-il. Compte tenu du contexte sociopolitique et économique, les premières années du retour sont difficiles. Germain Meba ne regrette pas son choix pour autant. Il devient professeur au lycée technique d’Adidogomé (banlieue de Lomé) et à l’École nationale d’administration (ENA). « À cette époque, j’ai cependant toujours gardé en tête l’objectif de créer ma propre boîte », souligne-t-il.

En 1996, alors qu’il était contractuel au ministère du Plan, où il était chargé d’automatiser un programme d’investissements publics et son budget, l’une de ses connaissances de la diaspora confie à Germain Meba la gestion d’une société de fourniture de matériels et solutions informatiques à Lomé. Les affaires marchent bien et, rapidement, Germain Meba décide d’enfin sauter le pas et de se mettre à son compte.

La création de Cib-Inta

Dès l’année suivante, avec un apport d’environ 1,2 million de F CFA (près de 2 000 euros), somme qu’il a pu mettre de côté notamment grâce à un contrat de consultation sur un projet de la Banque mondiale, l’entrepreneur crée Carrefour Informatique Bureautique (CIB). La société emploie aujourd’hui plus de 500 personnes et compte une centaine d’implantations à travers le pays : elle est présente dans toutes les grandes villes togolaises et poursuit son expansion dans des localités moyennes et reculées.

la suite après cette publicité

Outre la fourniture de matériel et de solutions informatiques, l’entreprise s’est dotée d’un centre de formation, l’Institut des nouvelles technologies appliquées (Cib-Inta), avec des filières pour les étudiants en informatique, en communication et management des entreprises, en partenariat avec la Sikkim Manipal University, une université indienne reconnue pour ses formations pointues dans les nouvelles technologies, et l’Indian Institute of Hardware Technology (IIHT). Dans ses centres de Lomé, de Kara et de Sokodé, tous équipés de salles informatiques, la structure dispense des cours de niveau licence, master et brevet de technicien supérieur (BTS), et à Lomé, Kpalimé, Atakpamé, Sokodé, Kara et Dapaong, des formations au brevet de technicien (BT) ainsi que des formations professionnelles à la carte, y compris par cours du soir.

Il est notamment fournisseur d’accès internet de Togo Telecom et a développé des activités dans le domaine du transfert de fonds

Par ailleurs, Cib-Inta a diversifié ses services. Il est notamment fournisseur d’accès internet de Togo Telecom et a développé des activités dans le domaine du transfert de fonds, national et international, sur toute l’étendue du territoire (Chrono Cash, Flooz, Wari) et qui couvrent plus de 80 % des opérations de ce secteur dans le pays.

la suite après cette publicité

Élu député en 2013 sous l’étiquette de l’Union pour la République (Unir, au pouvoir), Germain Meba refuse cependant d’être considéré comme un homme politique. Malgré son mandat parlementaire et ses fonctions à la CCIT, ce protestant père de quatre enfants accorde encore la plus grande partie de son temps à son entreprise.

Son amitié avec le chef de l’État – qu’il considère comme « l’homme providentiel pour rassembler les Togolais » – remonte à 1998, à l’époque où CIB, qu’il venait de créer, traversait une passe particulièrement difficile, et où Faure Gnassingbé était encore inconnu du commun des Togolais. Ce dernier a alors sauvé la jeune entreprise en lui permettant d’obtenir un prêt pour répondre à un appel d’offres. « Lorsque je suis allé le remercier pour son geste, se souvient Germain Meba, Faure Gnassingbé m’a juste répondu qu’il l’aurait fait pour n’importe quel autre compatriote passionné par son métier. »

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image