Coalition arabe au Yémen : mais que font les Colombiens dans cette galère ?

Quelque 450 mercenaires latinos, recrutés par les Émiratis, viennent grossir les rangs de la coalition arabe qui combat les rebelles houthistes.

Des Yéménites de Sanaa cherchent des survivants après la destruction des maisons par une frappe aérienne, le 12 juin 2015. © Hani Mohammed/AP/SIPA

Des Yéménites de Sanaa cherchent des survivants après la destruction des maisons par une frappe aérienne, le 12 juin 2015. © Hani Mohammed/AP/SIPA

fahhd iraqi

Publié le 4 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Ils sont Panaméens, Salvadoriens, Chiliens et surtout Colombiens, ces derniers particulièrement aguerris après des années de combat dans la jungle contre les rebelles des Farc… En tout 450 mercenaires, rémunérés par les Émirats arabes unis, viennent de se jeter dans le chaotique champ de bataille yéménite, où s’affrontent forces gouvernementales, tribus armées et organisations terroristes. Depuis le mois de mars, une coalition arabe sous commandement saoudien, épaulée par les Émirats et soutenue par les États-Unis, lutte contre les rebelles chiites houthistes, qui ont chassé le gouvernement de Sanaa et sont appuyés par l’Iran.

Selon des révélations de l‘International New York Times, publiées le 26 novembre, ces militaires sud-américains, envoyés un mois plus tôt sur le terrain, sont issus d’une unité de 1 800 hommes. Cette armée privée, composée de combattants latinos, a été mise sur pied ces cinq dernières années dans le désert des Émirats sous la supervision de Global Enterprises, une compagnie colombienne.

Ces mercenaires sont généralement des soldats en retraite, généreusement payés en pétrodollars émiratis

la suite après cette publicité

Jusque-là, cette firme assurait dans les Émirats des missions de surveillance des champs pétroliers et autres infrastructures stratégiques, de protection de personnalités étrangères ou d’escorte pour des cargos de marchandises. À en croire le quotidien basé à Paris, ces mercenaires sont généralement des soldats en retraite, généreusement payés en pétrodollars émiratis : leur salaire mensuel peut atteindre 3 000 dollars, soit 7,5 fois la solde moyenne en Colombie. Les hommes de l’unité déployée au Yémen percevront une prime hebdomadaire de 1 000 dollars.

Guerre par procuration

Depuis huit mois, ce pays est le théâtre d’une guerre par procuration menée par les monarchies pétrolières du Golfe. « Utiliser des mercenaires est une option séduisante pour les pays riches qui aspirent à faire la guerre mais dont les ressortissants ne veulent pas se battre », analyse Sean McFate, auteur de The Modern Mercenary.

L’Arabie saoudite aurait recruté des centaines de Soudanais pour les déployer au Yémen

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les Émirats ont recours à cette pratique : ils auraient même fait appel aux services de 400 soldats érythréens, en violation d’une résolution des Nations unies restreignant les activités militaires d’Asmara. Même l’Arabie saoudite aurait recruté des centaines de Soudanais pour les déployer au Yémen. Sur le terrain, les combats s’intensifient. Entre le 24 et le 25 novembre, de violents affrontements et des raids aériens ont tué 47 personnes. Depuis mars, le conflit au Yémen a fait plus de 5 700 morts, dont plus de la moitié sont des civils.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image