Photographie : « Sahara Rocks ! », la face B du désert

En cette fin d’année, J.A. vous propose une sélection d’ouvrages voyageant entre l’Afrique et le Sud des États-Unis, et réalisés par des photographes, des dessinateurs, des peintres ou des romanciers. À offrir ou à s’offrir.

Mina Wallet Oumar, du groupe Tinariwen. © ARNAUD CONTRERAS

Mina Wallet Oumar, du groupe Tinariwen. © ARNAUD CONTRERAS

Publié le 3 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

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Beaux livres : la sélection de Jeune Afrique pour la fin de l’année 2015

En cette fin d’année, Jeune Afrique vous propose une sélection d’ouvrages voyageant entre l’Afrique et le Sud des États-Unis, et réalisés par des photographes, des dessinateurs, des peintres ou des romanciers. À offrir ou à s’offrir.

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Elle s’appelle Rokia et elle ferait braver tous les dangers du désert tant elle est belle. Le poing levé, le regard espiègle, cette jeune femme souriante, photographiée devant un mur de briques à un concert de Tinariwen, le célèbre groupe touareg, symbolise le Sahara tel que continue de se le figurer Arnaud Contreras : libre et envoûtant. Ce n’est certainement pas un hasard si le portrait de Rokia inaugure la série des quelque 80 photos en noir et blanc de son livre, Sahara Rocks !, consacré aux plus illustres des habitants de cette région : non pas les trafiquants de drogue, pas même les jihadistes, mais les musiciens. « Ils sont ma porte d’entrée dans leur société », écrit Contreras en préambule.

Voilà plus de vingt ans que cet auteur, photographe et réalisateur, les côtoie, les écoute et les photographie, à Tamanrasset et à Niamey, dans le nord du Mali ou dans le sud de la Libye. Il est donc bien placé pour savoir – et clamer – que le Sahara ne se résume pas aux seuls marchands de mort qui en ont fait leur sanctuaire ces dix dernières années. « Il y a une urgence de parler de cet autre Sahara », écrit-il. Celui « ancré dans le XXIe siècle », peuplé de jeunes hommes et femmes connectés aux réseaux sociaux et de musiciens qui sont devenus, au fil des épreuves que traversait leur monde, les ambassadeurs de tout un peuple.

On découvre un jeune combattant, kalach à la main et casque audio sur les oreilles

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Contreras ne signe pas un reportage. Ni même un plaidoyer. Son livre est une ode en images à la musique du désert et à ceux qui la vivent. Ses photos, mais aussi les témoignages d’artistes, de rebelles ou de simples quidams qui les accompagnent inoculent l’inévitable assouf (la nostalgie qui transpire dans les chants touaregs). Mais ils donnent aussi à voir et à lire des sourires et des espoirs. C’est une citerne perdue entre les dunes au fin fond de l’Algérie. C’est un mur de lutte contre l’ensablement construit au milieu de nulle part au Maroc. Ce sont des regards patibulaires et des bras armés. Mais c’est aussi un gamin hilare de participer à une course de chameaux à Tamanrasset. C’est un groupe d’hommes vibrant au son de la tazamart (flûte).

On passe au fil des pages d’un concert de Bombino à la distribution de nourriture dans un camp de réfugiés au Burkina Faso. On découvre un jeune combattant, kalach à la main et casque audio sur les oreilles. On surprend des migrants sur la route de l’Europe s’oublier un instant à un concert de la diva malienne Oumou Sangaré. « On se marre beaucoup avec les gens du Sahara », dit Contreras, qui évite de peu, en dépit de son évidente attirance pour ces hommes et ces femmes, de tomber dans le piège de l’angélisme.

Sahara rocks ! , d’Arnaud  Contreras, Les éditions de Juillet, 140 pages, 35 euros

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