Bonnes et mauvaises nouvelles
Le réchauffement climatique : il est tout à fait exact qu’il menace de transformer en antichambre de l’enfer la planète où vivront nos enfants.
Vous et moi avons vu et entendu à la télévision les chefs d’État de la plupart des 193 pays membres de l’ONU en parler avec éloquence. Ils étaient venus à Paris, chacun dans « son » avion (ce qui a contribué à ce fameux réchauffement), pour se montrer et en être, pour voir et être vus.
Chacun d’eux a lu à la tribune ce que ses collaborateurs plus ou moins inspirés ont écrit.
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Que va-t-il se passer au sein de cette conférence pour le climat, curieusement appelée COP21, maintenant qu’ils ont regagné leurs capitales respectives ? Réunie dans la banlieue de Paris, elle s’achèvera le 11 décembre par la signature d’un accord.
Cela ne fait pas de doute, car les participants savent qu’ils n’ont plus le choix. Les engagements qu’ils auront pris seront mieux tenus que ceux qui avaient été contractés au cours des réunions du dernier quart de siècle, les dix plus grands pollueurs ayant pris conscience qu’ils sont désormais les premières victimes des émissions de gaz à effet de serre responsables du dérèglement climatique.
De leur côté, les pays les plus vulnérables – une cinquantaine -, pour lesquels un réchauffement inférieur à 2 degrés centigrades est un impératif de survie, seront de plus en plus exigeants.
Et les trente plus grandes fortunes du monde – elles détiennent ensemble plus de 500 milliards de dollars -, avec à leur tête Bill Gates, lancent « la coalition pour une avancée de l’énergie » : un fonds de plusieurs dizaines de milliards de dollars destiné à doter la planète d’énergies nouvelles à un prix abordable.
Depuis qu’ils existent, les hommes ont montré que, lorsqu’ils n’ont plus le choix, ils résolvent les problèmes qui mettent en danger leur vie en société.
N’ont-ils pas su, depuis Hiroshima et Nagasaki, il y a soixante-dix ans, éviter la guerre nucléaire ?
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Pendant ce temps, au cœur de l’Afrique, un État pas comme les autres, le Burkina, nous a offert une belle surprise.
Le 31 octobre 2014, il a forcé son président en place depuis vingt-sept ans, Blaise Compaoré, à lâcher le pouvoir sans plus de délai et à quitter le pays.
J’étais de ceux qui ont craint de voir le Burkina s’enfoncer dans une transition agitée, s’étendant sur plusieurs années, et je l’ai écrit. Je n’en suis que plus heureux de constater qu’il en est sorti en tout juste treize mois.
Nous avons appris en effet, dès le 1er décembre, que l’élection présidentielle qui s’était déroulée le 29 novembre dans le calme et la transparence donnait au Burkina un nouveau président, élu dès le premier tour avec 53,5 % des voix : Roch Marc Christian Kaboré.
Cette victoire, on la prévoyait, mais personne n’a pensé qu’elle serait aussi rapide et aussi belle.
Reconnue d’emblée par tous, elle est incontestée.
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M. Kaboré appartient au groupe mossi, le plus important du pays. À 58 ans, ce banquier de profession est un homme politique expérimenté.
Il avait été distingué par Blaise Compaoré, qui lui a confié les postes les plus importants et avait même fait de lui son dauphin, avant de se raviser.
Ayant rompu avec son mentor une année avant que celui-ci ne tente de se maintenir à la tête du Burkina au-delà du terme imparti, il est vite apparu comme la meilleure alternative à Blaise Compaoré.
Il conjugue la rupture et, d’une certaine manière, la continuité : les électeurs burkinabè ont su déceler en lui l’étoffe d’un président et, de son côté, il les a aidés à le choisir grâce à une machine électorale de qualité, qui a bien fonctionné, montrant sa bonne connaissance du pays et de l’appareil d’État.
Je souhaite pour ma part que cet aboutissement heureux soit couronné par une déclaration publique de Blaise Compaoré dans laquelle il se féliciterait de voir son peuple prendre son destin en main et le confier à des hommes qu’il a lui-même distingués et formés.
Ils vont avoir à prouver que le Burkina est à même de bien fonctionner sans lui ; à sa place, on en serait heureux.
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Mais de cette partie de l’Afrique n’émanent pas que de bonnes nouvelles.
Il ne tardera pas à devenir préoccupant que « l’État islamique en Irak et au Levant » se prépare une base de repli et un deuxième siège en Libye, c’est-à-dire en Afrique du Nord, à la lisière du Sahel, sur les rives de la Méditerranée.
Il est encore temps de l’en empêcher. Mais qui se dévouera pour le faire ? L’Égypte ou l’Algérie ? L’Europe ou l’Amérique ?
En Italie, c’est le président du Conseil, Matteo Renzi, qui sonne l’alarme ; pour la France, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, appelle à réagir.
La Libye n’a plus de gouvernement capable de contrôler le pays tout entier et personne n’est à même de dire ce qui se passe à 100 km de là où il se trouve. Des milices font la loi ici ou là, et chacune d’elles peut se scinder en factions.
Le pays sert de refuge, de base de repli et de réapprovisionnement en vivres, en armes et en munitions aux groupes terroristes qui opèrent au Mali, en Algérie et en Tunisie.
Si elle devenait, en 2016, une branche de « l’État islamique » (en Irak et au Levant), les voisins de la Libye seraient à portée de ce « deuxième front ».
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Je voudrais quitter l’Afrique pour terminer et attirer votre attention sur un événement que je considère comme significatif et important, et sur le cauchemar d’un confrère que je vous relate pour sourire.
1) L’événement ? La monnaie chinoise, le renminbi – un nom auquel il faudra nous habituer -, a été sacrée monnaie internationale par le Fonds monétaire international (FMI) et incluse dans le panier des quatre autres devises de réserve (dollar, euro, livre sterling et yen).
La Chine se voit ainsi reconnue sur le plan monétaire aussi comme une puissance adulte.
2) Le cauchemar ? Celui d’un confrère américain qui a vu en rêve, pour 2017, que la France s’était donné pour président Marine Le Pen, tandis que les États-Unis avaient porté Donald Trump à la Maison Blanche.
Il arrive qu’un cauchemar devienne réalité et mon confrère souligne qu’en France comme aux États-Unis on est, en ce moment, à la recherche de présidents nationalistes, forts et un peu haineux.
Pour barrer la route ici aux musulmans, là-bas aux Mexicains et autres Hispaniques.
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