France : le père de Marion Maréchal-Le Pen définitivement loin du Front national ?

Établi en Afrique, où il dirige un cabinet de conseil en finance, le père adoptif de Marion Maréchal-Le Pen, Samuel Maréchal, fut jadis un militant frontiste très actif.

Jean-Marie Le Pen et Samuel Maréchal, lors d’un meeting à Nantes, en mars 2004. © FRANK PERRY/AFP

Jean-Marie Le Pen et Samuel Maréchal, lors d’un meeting à Nantes, en mars 2004. © FRANK PERRY/AFP

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Publié le 22 décembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Il aimerait bien qu’on l’oublie un peu, mais, en période électorale, être le père adoptif de Marion Maréchal-Le Pen, la jeune candidate frontiste en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), n’est pas le meilleur moyen de rester dans l’ombre. Même en Afrique, où Samuel Maréchal s’est installé il y a dix ans pour développer ses affaires. Depuis qu’une de ses relations professionnelles, le Congolais Innocent Dimi, s’est engagée par lettre, avant de se rétracter, à proposer à la région Paca des opportunités d’affaires dans l’hypothèse où Marion l’emporterait, l’ex-mari de Yann Le Pen (la sœur de Marine) est pris dans un tourbillon médiatique.

« Dimi n’est pas employé par mon cabinet », se défend-il. Pourtant, la semaine dernière encore, il apparaissait bel et bien en tant que directeur dans l’organigramme de Maréchal & Associés… Samuel Maréchal s’était montré non moins mystérieux quand, en 2013, J.A. enquêtait sur les réseaux africains du parti d’extrême droite, dont il connaît tous les coins et recoins pour y avoir évolué une quinzaine d’années.

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Un militant actif

Il lui sera quand même difficile d’occulter cette période de sa vie. Avec d’autres, il a indiscutablement contribué à façonner la ligne politique du FN – et, du même coup, à influencer sa fille ? « On s’appelle comme un père et sa fille, mais elle n’a pas besoin de moi pour écrire son programme », dit-il. Pendant la campagne présidentielle de 2002, il apparaît comme un « fidèle parmi les fidèles » de Jean-Marie Le Pen, comme l’écrit le quotidien Les Échos. « Je n’étais plus au FN depuis 1999. Je suis revenu à l’entre-deux-tours sur la demande de Jean-Marie », précise l’ancien gendre du candidat frontiste. Il n’empêche. « Ni gauche, ni droite, Français ! » : le slogan du parti au milieu des années 1990, c’est lui.

« Le clivage droite-gauche a cessé de dominer la vie politique française. Le choix est aujourd’hui entre les divers représentants de la social-démocratie mondialiste au pouvoir et nous, les défenseurs de l’identité française », explique-t-il à Libération en février 1996. Il a, à l’époque, 28 ans et dirige le Front national de la jeunesse. Il est marié à Yann Le Pen depuis trois ans, et milite au FN depuis dix.

Selon notre confrère Claude Askolovitch*, Marine était une curieuse avocate : elle « n’arrivait à défendre que des frontistes »

Ses années frontistes n’ont certes pas été un long fleuve tranquille. En mars 1995, Maréchal est condamné à huit mois de prison avec sursis et 5 000 francs d’amende (environ 800 euros) pour « coups et blessures volontaires et complicité » à la suite d’une rixe entre une « caravane FN jeunesse » et des lycéens. Quelques mois plus tard, il bénéficiera de la loi d’amnistie adoptée après l’élection de Jacques Chirac. Son avocate se nomme Me Marine Le Pen. Selon notre confrère Claude Askolovitch*, Marine était une curieuse avocate : elle « n’arrivait à défendre que des frontistes ».

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C’est Maréchal, « qui était son pote et son frangin autant que le mari de Yann, [qui] l’a fait entrer au FN comme directeur juridique » et l’a imposée à son père, qui était réticent. « Au soir du second tour de la présidentielle de 2002, écrit encore Askolovitch dans Vanity Fair, Maréchal refuse de représenter Le Pen à la télévision. C’est Marine qui le remplace. La suite est connue. »

Ses rapports avec l’Afrique

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Il divorce quelques années plus tard et lance Maréchal & Associés, à Paris puis à Abidjan en 2007. Le continent, il le connaît un petit peu : très jeune, il est allé au Tchad, où son père était pasteur missionnaire et sa mère directrice d’un dispensaire et d’une école. Mais c’est un coup de foudre qui est surtout à l’origine de son tropisme africain : sa rencontre avec Cécile Houphouët-Boigny, la première petite-fille de l’ancien président ivoirien, qu’il a depuis épousée.

Entre 2007 et 2011, il accompagne à la Bourse de Paris trois PME africaines, mais la crise des subprimes plombe un peu l’opération. Depuis, on le voit beaucoup à Brazzaville, où, en 2014, il s’associe avec l’homme d’affaires Alexandre Gandou et se lie avec l’entourage du président Denis Sassou Nguesso. Un an plus tard, Gandou meurt brusquement, et Maréchal lui rend hommage : « Alexandre est rentré à la maison du Père. Il a été pour moi un frère, un ami, un conseiller… » Bel éloge, à des années-lumière des intrigues frontistes, sur lesquelles il semble avoir tiré un trait définitif.

* Auteur de Voyage au bout de la France. Le Front national tel qu’il est (éd. Grasset).

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