Quand la Chine (du foot) s’éveillera

Rachat de clubs, efforts de formation, recrutement de stars… Dans le monde du ballon rond, la République populaire rêve de se tailler une place à sa mesure. Et d’organiser la Coupe du monde 2026.

Luiz Felipe Scolari avec ses joueurs de Guangzhou Evergrande, le 21 novembre. © XINHUA NEWS AGENCY/AFP

Luiz Felipe Scolari avec ses joueurs de Guangzhou Evergrande, le 21 novembre. © XINHUA NEWS AGENCY/AFP

Publié le 27 décembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Xi Jinping n’a sans doute pas tapé dans un ballon depuis bien longtemps, mais la rumeur veut qu’il soit un fan de football et passe ses (rares) soirées libres à regarder les matchs de la Premier League anglaise. Une passion qui n’est pas pour rien dans le coup de poker d’un consortium d’investisseurs emmené par Citic, un fonds d’investissement public : le rachat de 13 % du prestigieux club de Manchester City.

Au mois d’octobre, lors de sa visite officielle au Royaume-Uni, le président chinois avait visité les installations de l’autre grand club de Manchester (avec United), prétexte à une série de reportages complaisants dans les médias officiels sur l’industrie européenne du foot. Deux mois plus tard, on découvre que l’investissement dans City n’est que le coup d’envoi d’une série d’opérations destinées à transformer la Chine en grande nation du ballon rond.

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Avec l’objectif ultime d’organiser la Coupe du monde en 2026, quatre ans après les Jeux olympiques d’hiver.

Trouver sa place dans le monde du football

En matière de sport comme dans bien d’autres domaines, la Chine a besoin de prestige. Or, si elle est une grande nation du ping-pong, de la natation ou de la gymnastique, elle reste à la traîne dans les sports d’équipe.

Le championnat national de football n’est professionnel que depuis 1994 et, en dépit des transferts très médiatisés d’une poignée de stars vieillissantes (Nicolas Anelka et Didier Drogba à Shanghai ; le Brésilien Paulinho à Canton), la greffe n’a pas pris. Les grands joueurs internationaux ont du mal à trouver leurs marques dans un championnat souvent confus, et les entraîneurs, fussent-ils réputés (les Italiens Marcello Lippi et Fabio Cannavaro), s’y cassent souvent les dents. Seul Luiz Felipe Scolari, recruté par le club de Guangzhou Evergrande après son fiasco au Mondial 2014 à la tête de la Selação brésilienne, s’en sort bien : combinant technicité latine et rigueur quasi militaire, il a permis à sa nouvelle équipe, en octobre, de décrocher un cinquième titre de champion de Chine consécutif.

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Reste que le championnat est si peu professionnel qu’il n’attire pas les sponsors et ne passionne guère les spectateurs. D’où le désir du gouvernement de remettre de l’ordre dans un sport trop longtemps associé à la corruption, aux matchs truqués, à la violence sur les terrains et, plus encore, à un niveau technique d’une insigne faiblesse. La Chine n’a participé qu’une seule fois au Mondial, en 2002. Plusieurs centaines d’écoles de football vont donc être créées à travers tout le pays. Fruit d’un accord entre les ministères des Affaires étrangères et la Fédération française du sport universitaire (FFSU), deux cent quarante formateurs chinois sont actuellement en stage en France. Quant au Brésilien Ronaldo, il ouvrira en 2016 trois écoles de foot. L’objectif à terme est d’en créer une trentaine à Pékin, Shanghai et Mianyang.

D’ici à 2020, les analystes prévoient que les droits télévisés des matchs passeront de 7 millions à 220 millions d’euros par an !

Pour trouver sa place parmi les grandes nations du football, la Chine mise donc sur la patience et le travail. L’objectif n’est d’ailleurs pas uniquement sportif, mais aussi, bien sûr, financier : le marché publicitaire local a été multiplié par dix en cinq ans. D’ici à 2020, les analystes prévoient que les droits télévisés des matchs passeront de 7 millions à 220 millions d’euros par an !

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Un formidable bond… qu’il convient néanmoins de relativiser : le secteur reste trois fois moins important que dans un pays comme la France. Les grands équipementiers sont également en embuscade et misent sur une démocratisation. Las, le foot reste ici beaucoup moins populaire que, par exemple, le basket-ball. Il est vrai qu’il y a eu dans le passé de grands basketteurs natifs de la République populaire, comme Yao Ming, l’ex-star de la NBA américaine (il a pris sa retraite en 2011), mais qu’on attend toujours qu’un Ronaldo chinois enflamme les stades géants de la capitale !

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