Tchad-Gali Ngothé Gatta : « Pour gagner à notre tour, inspirons-nous des méthodes de Déby »

C’est dans un hôtel de Sarh, chef-lieu du Moyen-Chari (Sud), que Jeune Afrique a rencontré l’opposant tchadien Gali Ngothé Gatta, fin novembre.

À 73 ans, Gali Ngothé Gatta est désormais à la tête du dialogue national inclusif. © MADJIASRA NAKO POUR J.A.

Madjiasra Nako

Publié le 30 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Où va le Tchad ? © Philippe Desmazes/AFP
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Où va le Tchad ?

Idriss Déby Itno va briguer un cinquième mandat à la tête de son pays. Qu’en a-t-il fait pendant ses 25 ans de pouvoir ? Plongée au coeur d’un grand pays pauvre et stratégiquement majeur dans la région.

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Il venait de Sido, grande ville frontalière avec la Centrafrique, et s’apprêtait à rejoindre son fief de Kyabé (100 km à l’est de Sarh), où il devait assurer le monitoring des opérations de recensement électoral. Désigné en septembre porte-parole de la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC), la plus importante coalition de l’opposition, il explique comment cette dernière prépare la présidentielle.

Jeune Afrique : Comment comptez-vous assurer l’alternance en 2016 ?

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Gali Ngothé Gatta : Il suffit d’observer ce que fait Idriss Déby et de lui opposer la même logique. Habituellement, il fait le plein de voix dans le nord du pays, puis, pour parvenir à se faire élire, il vient piocher des suffrages dans le Sud, qui est le bastion de quelques leaders d’opposition.

Au sein de la CPDC, nous travaillons donc à limiter les candidatures, tout en trouvant un consensus sur certaines personnalités que nous voulons positionner pour qu’elles puissent accaparer des voix dans le nord du pays, de sorte que les suffrages exprimés se fragmentent et rendent nécessaire un deuxième tour. Ainsi, par un jeu de report de voix, nous pourrons parvenir à la victoire.

Nous avons constaté que certains villages où l’opposition a fait un tabac lors de précédentes élections sont ignorés

L’opposition dénonce des irrégularités dans les opérations de recensement biométrique. Que redoutez-vous ?

Le recensement en cours est une nouvelle donne pour tous les acteurs politiques. Les opérations ont démarré avec du retard dans certaines localités et d’autres n’ont jusqu’à présent pas encore vu l’ombre d’un agent recenseur alors qu’on est à quelques jours de la fin des opérations.

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Outre ces problèmes logistiques, nous craignons une sorte d’exclusion qui ne dit pas son nom. Nous avons constaté que certains villages où l’opposition a fait un tabac lors de précédentes élections sont ignorés. Par ailleurs, nous soupçonnons des tentatives d’enrôlement de mineurs, mais aussi d’étrangers. Ces derniers se trouvent sur le territoire national, poussés par les crises qui sévissent dans les pays voisins (Centrafrique, Nigeria, Soudan). Il semble qu’on en enrôle certains en les faisant passer pour des Tchadiens – ce qui est d’autant plus aisé que de part et d’autre des frontières il s’agit des mêmes peuples.

Toutes ces raisons font finalement peser trop d’incertitudes sur la liste électorale qui sortira de ce recensement…

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Avez-vous renoncé à l’exigence de disposer de kits de contrôle dans les bureaux pour éviter les votes -multiples ?

Pas du tout ! Nous maintenons cette revendication. Nous n’avons pas voulu bloquer le démarrage du recensement à cause de ce kit, mais nous n’y avons pas renoncé pour autant et remettrons bientôt la question à l’ordre du jour.

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