Gbagbo-Compaoré, les meilleurs ennemis

Drôle d’histoire que celle qui lie Laurent Gbagbo à Blaise Compaoré. Une histoire faite d’amour et de haine, de services rendus puis de coups tordus.

Laurent Gbagbo (à g.) et Blaise Compaoré, le 15 septembre 2009. © KAMBOU SIA/AFP

Laurent Gbagbo (à g.) et Blaise Compaoré, le 15 septembre 2009. © KAMBOU SIA/AFP

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Publié le 28 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Quinze ans séparent ADO, l’aîné (à g.), de Roch Kaboré. © CHARLES PLATIAU/AFP ;  VINCENT FOURNIER/JA
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Côte d’Ivoire – Burkina : destins croisés

Entre le président ivoirien, Alassane Ouattara et le nouveau chef de l’État burkinabé, Roch Kaboré, l’amitié est ancienne. Tout comme les liens entre leurs pays respectifs. Retour sur une très longue histoire mêlée.

Sommaire

Les premiers contacts remontent à la fin des années 1980. Compaoré, arrivé au pouvoir en 1987 après un coup d’État, s’intéresse de près à cet homme qui ose défier le tout-puissant Félix Houphouët-Boigny. À l’époque, le combat contre l’impérialisme les rassemble. Compaoré lui envoie des émissaires, dont Guy Labertit, le « Monsieur Afrique » du Parti socialiste français, et Louis-André Dacoury-Tabley, un ami d’enfance de Gbagbo. Avec ce dernier, Compaoré est généreux. Il lui apporte son soutien financier pendant de longues années, ce que l’Ivoirien reconnaîtra sans fausse pudeur lors d’un entretien qu’il nous avait accordé en 2007 : « Blaise et moi étions très amis. Il m’a beaucoup aidé, y compris financièrement, entre 1989 et 1999. Dans la durée, il est celui qui m’a le plus soutenu. Omar Bongo aussi, plus substantiellement dirons-nous, mais sur une période plus courte… »

Je suis un ami de Laurent, mais c’est Alassane qu’il faut à la Côte d’Ivoire, a affirmé Compaoré

Les choses se gâtent en juillet 2000. Laurent Gbagbo appuie le référendum constitutionnel voulu par le général Robert Gueï et qui écarte Alassane Dramane Ouattara de la course à la présidentielle. Un ami commun se souvient de la réaction ulcérée de Compaoré, qui lui a dit, quelques jours après : « Je suis un ami de Laurent, mais c’est Alassane qu’il faut à la Côte d’Ivoire. » En septembre 2002, Abidjan accuse Ouaga d’être derrière la tentative de coup d’État puis d’héberger et de financer les rebelles. Leurs entourages respectifs, eux, s’appliquent à mettre de l’huile sur le feu. Ce n’est ensuite que par pragmatisme – Compaoré est le médiateur d’une crise ivoirienne qui s’enlise – que les deux présidents feront mine de se rapprocher. Mais la méfiance restera de mise jusqu’au bout. Confidence métaphorique du « camarade Laurent », un soir à sa résidence de Cocody, peu de temps avant la présidentielle de 2010 : « Certains hommes divorcent de leur épouse puis se remarient. Mais quand un couple se reforme après une rupture, ça n’a plus le même goût. Celui qui a été trompé se montre plus regardant. »

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