Transport maritime : Cheikh Kanté, le capitaine de Macky Sall

Le directeur général du Port autonome de Dakar a deux objectifs : transformer le havre sénégalais en modèle de compétitivité ; et faire réélire le président de la République, qui l’a nommé à ce poste en 2012.

Ses leitmotivs : « performance, efficience et sécurité ». © YOURI LENQUETTE POUR J.A.

Ses leitmotivs : « performance, efficience et sécurité ». © YOURI LENQUETTE POUR J.A.

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Publié le 5 janvier 2016 Lecture : 3 minutes.

Le port PTML à Lagos, au Nigeria © Gwenn Dubourthoumieu/J.A.
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Transport maritime : un vent nouveau sur les côtes africaines

Focus sur le transport maritime en Afrique : de la percée d’armateurs européens sur la côte ouest-africaine à l’essoufflement des armateurs asiatiques dans la région, des secrets du succès époustouflant du port marocain Tanger Med aux ambitions renouvelées du Port de Dakar, au Sénégal.

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Derrière la baie vitrée de son bureau, Cheikh Kanté contemple avec satisfaction les véhicules alignés en contrebas, sur le terminal roulier. Depuis sa nomination comme directeur général du Port autonome de Dakar (PAD), en mai 2012, l’ancien PDG du groupe céréalier Semac-Glac a accéléré le programme de spécialisation des quais consistant à attribuer l’exploitation de certaines activités portuaires à des sociétés privées sous forme de concessions de vingt-cinq ans. Fin 2013, le terminal roulier a ainsi été accordé à Bolloré Africa Logistics, tandis que le terminal vraquier revenait à Necotrans.

« Notre ambition est de devenir le port le plus compétitif du littoral ouest-africain à l’horizon 2023, affirme Cheikh Kanté. Cette vision s’appuie sur trois piliers : la performance, l’efficience et la sécurité. » En 2014, le PAD a atteint la barre des 13,5 millions de tonnes de marchandises traitées. En avril 2015, il a reçu, devant Abidjan et Tanger, le grand prix du jury des Paris Africa Ports Awards, qui récompense l’autorité portuaire africaine qui s’est le plus distinguée dans des actions en faveur de la fluidité du trafic.

Son credo : la vocation de nos ports est d’accroître le commerce inter-africain.

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Pour « inciter les acteurs de l’avant-pays maritime et de l’arrière-pays terrestre à faire le choix de Dakar », Cheikh Kanté a renforcé la stratégie de port propriétaire adoptée avant sa nomination, se tournant vers des partenaires susceptibles d’améliorer le rendement du chargement-déchargement des navires tout en améliorant la compétitivité et la capacité d’accueil du port (à présent profond de 13,5 mètres, à la suite des travaux de dragage du chenal) dans des conditions optimales de sécurité.

En novembre 2014, il a officialisé la signature d’une convention entre le PAD et la Compagnie malienne pour le développement du textile. « La vocation de nos ports est d’accroître le commerce inter-africain, tout en améliorant la part du continent dans le commerce mondial, aujourd’hui inférieure à 3 % », analyse-t-il. Un an plus tard, le PAD célèbre le franchissement du seuil des 100 000 tonnes de trafic pour le coton malien destiné à l’exportation.

Converti

À l’en croire, Cheikh Kanté ne convoitait pas spécialement le poste. Mais celui qui se définit comme un « bon petit soldat » a accepté la mission que lui a confiée Macky Sall, dont il loue le « leadership » avec la ferveur des nouveaux convertis. En 2009, c’est en effet sous les couleurs du Parti démocratique sénégalais (PDS) que ce natif de Fatick avait brigué la mairie dans le fief de Macky Sall. Battu par le futur président de la République, il a un temps joué le rôle d’opposant, avant de tourner le dos à Abdoulaye Wade et de se rallier à l’Alliance pour la République (APR) en 2011, pour laquelle il a débauché plusieurs militants du parti Rewmi et suscité le ralliement de Mbaye Diouf, un ancien baron socialiste passé par le PDS. « Je suis à l’origine de beaucoup de ralliements, assume-t-il. Je scelle des alliances un peu partout pour faire réélire Macky Sall. »

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Pour servir ce dessein, Cheikh Kanté sait aussi faire preuve de prodigalité. À Fatick, cet homme d’affaires aisé finance ainsi des associations sportives ou des lutteurs, vient en aide aux populations sinistrées par les inondations ou met la main à la poche pour la construction d’une mosquée mouride. Un activisme qui lui vaut parfois des retours de bâton, comme lorsqu’une trentaine de députés ont dénoncé l’attribution sans appel d’offres de la concession à Necotrans. « Ils ont diabolisé le projet en laissant craindre 3 000 licenciements, relativise Cheikh Kanté, qui a éteint l’incendie au terme de trois mois de négociations. Mais la procédure d’attribution respectait les textes en vigueur. »

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