Loin des sentiers battus
Passionné de cheval, l’ancien directeur de la rédaction de J.A. Jean-Louis Gouraud publie deux ouvrages consacrés au meilleur ami de l’homme.
Ceux, parmi les anciens lecteurs de Jeune Afrique, qui ont la mémoire longue, les fidèles du bimensuel La Revue, que dirige Béchir Ben Yahmed, les amoureux du cheval, les passionnés d’équitation et les amateurs de chroniques troussées à la hussarde – cela fait tout de même une belle escouade de cavalerie – connaissent Jean-Louis Gouraud. Cet historien et encyclopédiste du cheval, véritable icône dans un milieu qui a ses règles, ses rites et ses traditions, dirigea au début des années 1970 la rédaction de l’hebdo que vous tenez entre les mains avant de se consacrer presque exclusivement à sa passion pour la race équine.
À 72 ans, ce gentleman un peu galopin (« le plus galopin des galopeurs », précise Jérôme Garcin) a écrit vingt-cinq livres sur le sujet et en a édité une centaine d’autres au hasard des collections qu’il a dirigées – et dirige toujours – chez Favre, Actes Sud ou aux Éditions du Rocher. On lui doit, entre autres, la découverte (ou la redécouverte) d’ouvrages écrits par Paul Morand, Léon Tolstoï, Virgil Gheorghiu, Xénophon ou l’émir Abd el-Kader.
Et c’est avec un vrai bonheur gourmand que les lecteurs de La Revue (dans laquelle Gouraud signe une rubrique intitulée « La bride sur le cou ») et ceux du mensuel Cheval Magazine, où il chronique régulièrement, reliront ces « coups de cul et bonds de gaîté » ciselés avec art. Ceux à qui l’œuvre du « pape de l’équitation » (Sylvie Brunel) avait échappé sont priés de racheter illico ce gros péché. Car il va de soi que, de ces deux livres-là, on n’achète pas l’un sans l’autre.
EXTRAIT
Le cheval et les tyrans
Ce qui [avait rendu Kadhafi], dans les années soixante-dix, plutôt sympathique, c’était l’amour qu’il manifestait alors pour le cheval, son goût pour l’équitation – une passion souvent partagée, hélas, par des personnages bien peu recommandables : Saddam Hussein adorait se faire représenter en chevalier, et Oussama Ben Laden, qui fut un assez bon cavalier, affirme que c’est en se déplaçant à cheval qu’il a pu échapper aux radars et satellites américains.
Terroristes ou non, les hommes politiques raffolent souvent du cheval, cet animal qui, croient-ils, les grandit. Les amis des chevaux se passeraient volontiers de ces affinités parfois un peu gênantes.
Pour s’en consoler, rappelons à ceux qui sont trop jeunes pour s’en souvenir que les deux plus épouvantables tyrans du XXe siècle, les deux plus grands massacreurs de l’Histoire, Hitler et Staline, détestaient tous deux les chevaux !
Hitler en avait peur, et Staline craignait de ne pas bien tenir en selle. Peut-être avaient-ils raison de se méfier de ces êtres intuitifs que sont les chevaux. Comprenant à qui ils auraient eu à faire, ces derniers ne les auraient sans doute pas ménagés, et auraient pu, peut-être, en débarrasser l’humanité ! ?
© Favre, 2015
Mes galops, de Jean-Louis Gouraud, Éditions du Rocher, 248 pages, 17,90 euros
Ruades, coups de cul et bonds de gaîté, de Jean-Louis Gouraud, éd. Favre, 200 pages, 16 euros
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