À quoi ressemblera la Côte d’Ivoire en 2025 ?
Raffinerie à San Pedro, parc zoologique à Yamoussoukro, complexe musical à Abidjan… Les chantiers d’aujourd’hui dessinent le pays de demain.
Côte d’Ivoire : c’est déjà demain
En 2020, une nouvelle génération d’hommes et de femmes, aux profils forcément différents, va devoir prendre ces responsabilités. Tour d’horizon de ces forces montantes qui feront la Côte d’Ivoire de demain.
Rejoindre Bouaké par l’autoroute depuis Abidjan pour aller faire ses emplettes au grand marché à l’architecture futuriste. Prendre un train pour Bamako ou Ouagadougou après un séjour de détente sur les longues plages de sable fin qui ourlent le littoral… La Côte d’Ivoire et l’Afrique de l’Ouest, en pleine émergence, goûteront-elles enfin aux fruits de la modernité, symbolisés par l’irruption d’une société des loisirs ? Les autorités ivoiriennes jurent de relever le défi à l’horizon 2025, avec l’objectif de promouvoir le rapprochement des populations et l’intégration régionale.
Les travaux du tronçon autoroutier entre Yamoussoukro et Bouaké viennent d’être lancés. La réalisation plus de 1 000 km de voies ferrées d’ici à 2025, entre San Pedro et Bamako, avec une interconnexion vers le Niger, est à l’étude. Parallèlement, la rénovation de la ligne Abidjan-Ouagadougou par le groupe Bolloré est en cours. « Mais attention, prévient Gaoussou Touré, le ministre des Transports, aucun train n’est rentable en Afrique s’il ne transporte pas d’abord des marchandises. »
San Pedro, nouveau moteur industriel
L’ancienne ville coloniale, longtemps endormie sur son passé, sera bientôt au cœur de l’une des régions les plus dynamiques du pays. Une immense raffinerie est en construction, afin de traiter sur place le pétrole extrait au large des côtes. Un peu plus au nord, l’or, le fer, la bauxite ou le manganèse tirés des bassins du Bafing et du Haut-Sassandra devraient profiter des nouvelles infrastructures portuaires mais aussi ferroviaires du Grand Ouest.
« San Pedro, avec ses ressources pétrolières et minières et ses plages, sera la zone de développement par excellence. Nous allons y installer le deuxième plus grand aéroport du pays, avec une piste capable de recevoir les Airbus 380 et, autour, une aérocité accueillant des hôtels de grand standing », se réjouit Gaoussou Touré, dont les longs bras font de grands gestes en l’air pour mieux exprimer les rêves qui l’animent.
L’ancien port, bientôt rénové et déjà très utilisé pour l’exportation du bois, jouera aussi un rôle important dans le secteur du cacao : une usine d’une capacité de 100 000 tonnes de fèves doit très prochainement y voir le jour. La construction d’ouvrages hydroélectriques importants, comme le barrage de Soubré (d’une puissance de 275 MW), devrait accompagner le boom économique de la région.
Des villes secondaires dynamisées
Pour développer les agglomérations dans les régions plus rurales et agricoles de l’est et du nord du pays, l’État mise sur la construction ou l’agrandissement d’hôpitaux, de groupes scolaires et d’universités, ainsi que sur la création de zones industrielles, sportives et hôtelières à Bonoua, Bouaké, Man et Korhogo, afin de rendre chaque région plus dynamique et autonome. Capitale africaine de la noix de cajou, Bouaké devrait accueillir prochainement une cité industrielle ainsi qu’un immense centre hospitalier. Même Bondoukou, à la frontière avec le Ghana, disposera de sa propre université. Korhogo verra la sienne agrandie et abritera bientôt deux hôtels quatre étoiles et une cité sportive avec un stade olympique de 20 000 places en vue d’accueillir la Coupe d’Afrique des nations de football en 2021. Dans tous les ministères, le mantra est le même : « Le développement de nouveaux pôles d’activités profitera à tout le monde. »
Abidjan, hub commercial et culturel
Reste qu’en 2025 Abidjan ne sera pas rayée de la carte, loin de là. Certes, par son nouveau dynamisme, San Pedro pourrait alléger quelque peu les activités portuaires de la capitale économique, déjà en surchauffe malgré le projet d’extension en cours destiné à doubler ses capacités pour atteindre 3 millions de conteneurs par an. Mais l’agrandissement de l’aéroport de Port-Bouët pourrait ouvrir d’autres perspectives. Avec le retour des principales compagnies internationales, les autorités espèrent faire d’Abidjan un véritable hub des affaires. « Le but est de créer des passerelles avec d’autres capitales, elles-mêmes locomotives dans leur région, précise Gaoussou Touré. Ainsi, il y aura bientôt des vols réguliers assurés par Air Côte d’Ivoire entre Abidjan et Kigali. »
Avec son train urbain (construit par le consortium franco-coréen formé par Bouygues, Dongsan Engineering et Hyundai Rotem) qui reliera l’aéroport à Anyama, dans la banlieue nord, Abidjan devrait s’affirmer comme la future mégalopole régionale, avec l’ambition de rayonner culturellement sur toute l’Afrique de l’Ouest. À ce titre, on pourra dès 2025 assister à un concert ou enregistrer son premier disque à la Maison des musiques d’Afrique et du monde, le plus grand centre de production musicale du continent, qui doit voir le jour à Yopougon. On pourra aussi faire du bateau à voile dans la baie de Cocody (lire p. 118) ou lire le dernier roman de Véronique Tadjo à la nouvelle grande bibliothèque du Plateau. Avec ses grandes tours encadrant ses parcs, Abidjan aura définitivement un air de Manhattan africain. « Il nous manque le TGV, mais ça, c’est pour 2050 ! » s’amuse Gaoussou Touré.
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