États-Unis : le gentil papa du Cosby show devenu l’un des hommes les plus détestés du pays

Dans les années 1960, il fut l’une des premières vedettes noires de la télévision. Accusé de multiples agressions sexuelles, le gentil papa du Cosby Show a entamé une vertigineuse descente aux enfers.

Bill Cosby arrive au tribunal d’Elkins Park (Pennsylvanie), le 30 décembre 2016. © MEL EVANS/AP/SIPA

Bill Cosby arrive au tribunal d’Elkins Park (Pennsylvanie), le 30 décembre 2016. © MEL EVANS/AP/SIPA

Publié le 14 janvier 2016 Lecture : 3 minutes.

Bill Cosby, 78 ans, le gentil papa du Cosby Show, est-il en réalité un dangereux prédateur sexuel ? Une sorte de Dr. Jekyll and Mr. Hyde ? La thèse a pris quelque consistance avec l’inculpation de l’acteur, fin décembre 2015, à la suite d’une plainte d’Andrea Constand, 42 ans, une ancienne employée de la Temple University, en Pennsylvanie, où Cosby a un temps étudié. La jeune femme l’accuse de l’avoir, en 2004, droguée et agressée sexuellement.

C’est la première fois que Cosby, qui est marié et père de cinq enfants, est formellement mis en cause par la justice. Mais tout au long de sa longue carrière, il a été confronté à des allégations de violence sexuelle – les premiers faits qui lui sont reprochés remontent aux années 1960. À l’automne 2004, trente-cinq femmes l’ont publiquement accusé d’avoir abusé d’elles. Ensemble, elles sont apparues en couverture du New York Magazine sous le titre : « Je n’ai plus peur. » Au total, elles sont une cinquantaine à le mettre en cause. Sept d’entre elles ont lancé des procédures civiles, et non pénales en raison de la prescription des faits.

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Le récit fait par Andrea Constand de la soirée fatale fait froid dans le dos. Directrice du programme de basket-ball féminin de l’université, la jeune femme se rend au domicile de l’acteur à Cheltenham, petite ville cossue de la banlieue de Philadelphie. La discussion s’engage et Constand confie à son hôte qu’elle se sent « émotionnellement épuisée ».

Cosby lui donne alors trois pilules bleues qu’il l’encourage à boire avec un verre de vin. Vingt minutes plus tard, elle sent une sorte de paralysie envahir son corps. L’acteur l’aurait alors déshabillée avant d’abuser d’elle. Lui soutient qu’il s’agissait d’un acte consensuel. Libre pour l’instant, il a été contraint de payer 1 million de dollars et de remettre son passeport à la justice. Il risque entre cinq et dix ans de prison.

Un des hommes les plus détestés d’Amérique

L’issue du procès est néanmoins très incertaine. Pour la star, tout l’enjeu sera d’empêcher les femmes sorties du bois à l’automne 2014 de témoigner. Or celles-ci ne pourront le faire que si elles sont en mesure d’apporter de nouvelles informations concernant le mode opératoire de leur agresseur présumé. Pour autant qu’on sache, celui-ci utilisait le plus souvent du méthaqualone, un sédatif très en vogue dans les années 1960 et 1970…

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Kristina Ruehli, 72 ans, accuse Cosby de l’avoir droguée et violée en 1965. Elle se montre donc ravie de sa mise en examen. « La justice est lente, mais elle fonctionne, finalement », a-t-elle confié au New York Times. Joan Tarshis, 65 ans, prétend elle que l’acteur a abusé d’elle en 1969, après un enregistrement du Cosby Show à Los Angeles. Pourquoi n’a-t-elle pas porté plainte plus tôt ? lui a demandé CNN. Réponse : « Parce que personne ne m’aurait crue. À l’époque, il était le papa de tous les Américains. »

Ce temps-là est révolu. Cosby est aujourd’hui l’un des hommes les plus détestés d’Amérique, et il ne sera pas simple de sélectionner des jurés impartiaux lors de son procès tant l’opinion paraît l’avoir déjà condamné. Il faut dire qu’il n’a pas arrangé son cas en avouant, dans une déposition de 2005 rendue publique dans l’affaire Constand, qu’il avait usé de sa célébrité et utilisé des drogues pour séduire des jeunes femmes…

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Sa descente aux enfers est vertigineuse. La plupart des universités qui lui avaient décerné un titre honorifique le lui ont retiré. Et les chaînes de télévision ont annulé les hommages qu’elles avaient prévu de consacrer à l’homme qui fut l’une des premières vedettes médiatiques noires. Interrogé en juillet 2015 sur le point de savoir si la médaille de la Liberté décernée à Cosby allait lui être retirée, Barack Obama a répondu que c’était impossible. Mais il n’a pas pour autant épargné la star. « Lorsque quelqu’un drogue une femme ou un homme sans le lui dire et a des rapports sexuels avec elle ou lui sans son consentement, cela s’appelle un viol », a estimé le président. On ne saurait mieux dire.

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