Bénin : Jimmy Adjovi-Boco, footballeur reconverti dans la mécanique solidaire
L’ex-footballeur Jimmy Adjovi-Boco vient d’ouvrir en France son premier garage solidaire. Un concept original qui permet aux clients d’apprendre à réparer leur voiture.
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On ne l’attendait pas forcément sur ce terrain. La plupart des footballeurs retraités entament leur seconde vie en devenant entraîneur, directeur sportif, agent ou consultant dans les médias. Plus rares sont ceux qui choisissent de s’orienter vers des secteurs radicalement différents, comme la restauration, l’hôtellerie ou la gestion de patrimoine. Jean-Marc « Jimmy » Adjovi-Boco, 52 ans, est à lui seul un mélange des genres.
À la fin des années 1990, après plusieurs années passées à jouer sous les couleurs du RC Lens puis une dernière saison à l’Hibernian FC écossais, l’ex-défenseur et capitaine des Écureuils imagine d’abord, avec les internationaux français Bernard Lama et Patrick Vieira et le Sénégalais Saer Seck, un institut de formation pour les jeunes footballeurs, Diambars. L’école, dont il est le directeur général, accueille sa première promotion au Sénégal en 2003 et est devenue depuis une référence.
Là où la reconversion de Jimmy Adjovi-Boco se révèle plus étonnante, c’est dans le second projet qu’il mène avec son frère Guy, mécanicien professionnel. Ensemble, ils ouvrent en juillet 2015, à Compiègne (à 80 km au nord de Paris), un garage solidaire baptisé Centre Auto Repair. Un projet à 200 000 euros d’investissement, dont 40 000 euros levés en financement participatif.
Encourager l’entraide tout en faisant des économies
Le principe est à la fois simple et original : il s’agit d’un garage où l’on peut soit déposer sa voiture pour la faire réparer… soit apprendre à le faire soi-même, grâce au matériel mis à disposition et aux conseils des trois mécaniciens employés. Premier objectif, évident : faire des économies.
« J’ai réalisé une étude de marché qui a révélé qu’une majorité de Français avait tendance à faire appel à des proches pour effectuer des réparations, explique l’ancien footballeur, sorti diplômé de l’École supérieure de commerce de Lille en 1999. La voiture est très importante pour la plupart des gens : on en a besoin pour se déplacer, certains lui vouent même une véritable passion… Mais faire réparer un véhicule peut coûter cher, et tout le monde n’a pas les moyens de le faire. Dans notre Centre Auto Repair, la facture est moins élevée, de 30 % à 40 %, que chez un garagiste traditionnel. »
Deuxième objectif affiché : encourager l’entraide et le partage. Installé dans un quartier « sensible » de Compiègne, le garage des frères Adjovi-Boco est équipé, sur 1 200 m2, de dix ponts, d’une salle de formation et d’un espace pour discuter et échanger des conseils. « Des repas y sont régulièrement organisés afin de permettre aux clients de se rencontrer, car tous ne viennent pas des mêmes milieux sociaux », précise le chef d’entreprise.
Le garage a également racheté, pour 300 euros, une voiture qui, après avoir été remise en état, est désormais en location au tarif de 10 euros par jour
Une formule d’abonnement, à 100 euros par an, permet d’accéder aux différents espaces. Déjà, une petite communauté s’est formée au sein de l’atelier, composée notamment de collectionneurs et d’étudiants de l’université technique de Compiègne. Les plus doués en mécanique partagent leur expérience avec les néophytes. Le garage a également racheté, pour 300 euros, une voiture qui, après avoir été remise en état, est désormais en location au tarif de 10 euros par jour. Ce service s’adresse en priorité aux personnes en difficulté, dans l’incapacité de se rendre à un entretien d’embauche, par exemple. À terme, une dizaine de voitures devraient ainsi être mises en location.
Six mois seulement après son ouverture, le Centre Auto Repair de Compiègne a déjà dépanné des centaines de clients et compte plus de 100 abonnés. « Nous espérons atteindre les 1 200 adhérents d’ici à la fin de l’année et développer le concept ailleurs en France. Nous voudrions aussi créer une auto-école solidaire. Et nous nous intéressons également au marché africain, pour les pièces détachées notamment », annonce Jimmy Adjovi-Boco, qui, si l’affaire se révèle viable, envisage même de la développer sous forme de franchise.
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