Samuel Dossou, jamais loin des présidents

Au Gabon, il est a été le « Monsieur Pétrole » d’Omar Bongo Ondimba. Au Bénin, il a soutenu Boni Yayi en 2006 et roulerait aujourd’hui pour Sébastien Ajavon. En politique, Samuel Dossou cultive l’exhaustivité.

Samuel Dossou, à Paris, le 21 janvier 2016 © Vincent Fournier/J.A.

Samuel Dossou, à Paris, le 21 janvier 2016 © Vincent Fournier/J.A.

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Publié le 9 février 2016 Lecture : 2 minutes.

«Le Bénin, j’y vais souvent mais je n’y reste que deux ou trois jours. Ma femme est au Gabon, j’y ai encore des activités, mais, honnêtement, j’ai de très bons employés qui s’en occupent. » Depuis qu’il s’est installé dans les années 1990 à Londres, à Monaco puis à Genève, Samuel Dossou compte ses pas dans les deux pays auxquels il est pourtant le plus lié : le Gabon et le Bénin. Grand manitou du négoce du pétrole – d’abord pour l’État gabonais puis à la tête de Petrolin -, naturalisé gabonais en juin 1976, l’ex-directeur des hydrocarbures à Libreville se tient désormais à distance du pays dans lequel il a vécu de longues années, celui de sa femme, Honorine Dossou Naki.

« Au Gabon, mon activité de trading a été un outil pour permettre aux producteurs de taille moyenne comme Tullow Oil, Hess ou Perenco de vendre leur pétrole. Ces groupes étrangers étaient mes clients et, à ce titre, je commercialisais le pétrole issu de leurs champs ainsi que la part revenant à l’État, explique celui qui fut conseiller spécial chargé des affaires pétrolières d’Omar Bongo Ondimba (OBO). Je me suis recentré dans l’exploration et la production parce que le négoce est désormais dominé par des géants tels Vitol, Glencore et Trafigura, capables de monter des préfinancements importants pour les États, ce que je n’ai pas la capacité de faire. » À Libreville, l’influence de Vitol a ainsi remplacé celle de Samuel Dossou.

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Un respect « absolu » pour les chefs d’États africains

Au Gabon, son nom et sa réputation d’ex-« Monsieur Pétrole » d’OBO – un surnom qu’il récuse – sont toutefois toujours susceptibles de déchaîner les passions. Lors de la joute médiatique qui a opposé en 2014 Ali Bongo Ondimba (ABO) à Jean Ping au sujet de l’influence accordée à Maixent Accrombessi, le directeur de cabinet béninois du chef de l’État, le président a évoqué le précédent Samuel Dossou, de même nationalité d’origine. Historiquement proche de Ping mais lié à ABO (dont la fille Malika a épousé l’un de ses fils, Steve), Samuel Dossou s’est abstenu de tout commentaire.

Le Bénino-Gabonais dit n’avoir jamais souhaité faire de la politique

Dossou entretient un rapport très particulier avec la politique. « Proche de nombreux chefs d’État africains, il leur voue un respect absolu », explique l’un de ses proches. « N’oubliez pas que ce sont les États qui possèdent les sous-sols, et donc le pétrole », constate simplement Samuel Dossou. Mais à la différence de Rilwanu Lukman, son partenaire dans la société pétrolière Afren qui fut plusieurs fois ministre au Nigeria, le Bénino-Gabonais dit n’avoir jamais souhaité faire de la politique. « Pourtant, en 2006, on m’a sollicité pour être candidat », affirme-t-il.

La même année, il avait soutenu financièrement Boni Yayi. « Pas par intérêt, mais parce que je pense que l’Afrique a besoin de bonnes politiques économiques », précise-t-il. Dix ans plus tard, c’est de la députée Claudine Prudencio, sa très proche associée – en affaires comme dans la vie -, qu’est venu le message officiel : un soutien à Sébastien Ajavon. Interrogé par Jeune Afrique, Dossou est moins clair, se contentant de cette remarque : « Il y a des entrepreneurs tellement brillants, je préférerais qu’ils restent dans les affaires »…

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