Maroc : Fatima-Zahra Mansouri, la nouvelle femme forte du PAM

Élue à la tête du conseil national du Parti Authenticité et Modernité, l’ex-maire de la ville ocre confirme son statut de personnalité influente. Portrait.

Fatima Zahra Mansouri, en décembre 2013 © Alexandre Dupeyron/J.A

Fatima Zahra Mansouri, en décembre 2013 © Alexandre Dupeyron/J.A

fahhd iraqi

Publié le 8 février 2016 Lecture : 3 minutes.

Dans la nuit du 23 janvier, les 3 500 congressistes du Parti Authenticité et Modernité (PAM), réunis en conclave à Bouznika (à 30 km de Rabat), ont élu les 850 membres de leur conseil national et son président, qui est une présidente : Fatima-Zahra Mansouri. « Un pur produit PAM », comme la décrivent ses partisans, qui, quelques heures avant le vote, ne cachaient pas leur intention de donner leur voix à « Lalla Fatima-Zahra ».

Elle aurait même pu prendre la direction du parti : Ilyas El Omari, dont Mansouri a elle-même annoncé l’élection en tant que secrétaire général, était prêt à la soutenir si elle s’était présentée à ce poste. Mais elle a préféré passer son tour et laisser la place à El Omari : « Ilyas a une ligne politique qui incarne le dynamisme, le progressisme et l’unité du parti. C’est pour cela que je crois en lui. » Mais ce n’est que partie remise, Fatima-Zahra Mansouri a encore une longue carrière devant elle. Même si, à 39 ans seulement, elle suscite déjà de l’admiration – ou de la jalousie, notamment chez les vieux briscards de la politique…

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Ex-maire de Marrakech

Née en 1976 à Marrakech dans une famille aisée (un papa avocat, pacha de la ville, puis ambassadeur), Fatima-Zahra aurait pu faire partie de cette bourgeoisie marocaine indifférente à la chose publique. Elle mettra d’ailleurs du temps avant de s’engager pleinement en politique. En 2007, alors avocate – elle avait repris le cabinet de son père -, elle est approchée pour créer l’antenne marrakchie du Mouvement pour tous les démocrates (MTD), créé par Fouad Ali El Himma, aujourd’hui conseiller royal.

Quand le mouvement se transforme en parti et se lance, en 2009, dans sa première bataille électorale, Fatima-Zahra est la première à défendre ses couleurs dans la ville ocre. Et le succès est au rendez-vous. Le 12 juin 2009, elle décroche son premier mandat électoral en tant qu’élue communale. Le soir même de l’annonce des résultats, son père rend l’âme. Une tragédie.

« Bien sûr, se souvient-elle, il n’y avait que le décès de mon père qui comptait ce jour-là. Mais j’ai senti le devoir d’honorer sa mémoire en perpétuant ses valeurs et en me mettant au service de ma ville. » Par un savant jeu d’alliances, elle est élue présidente du conseil de la ville. Et devient ainsi la deuxième femme maire du Maroc (après Asmaa Chaâbi à Essaouira).

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Mais Fatima-Zahra n’est pas là pour faire de la figuration. Cette mère de deux enfants n’hésite pas à bousculer les convenances quand elle sent sa marge de manœuvre limitée et fait preuve d’une capacité phénoménale à gérer les crises. Ainsi est-elle aussi à l’aise en caftan sur le tapis rouge du Festival du film de Marrakech pour accueillir le gotha du royaume et du cinéma mondial qu’en jean et baskets dans les rues des quartiers populaires de Marrakech pour aller à la rencontre de ses concitoyens.

Le sens du timing

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Malgré son bilan plus qu’honorable à la tête de la ville, le PAM perd la mairie de Marrakech au profit du PJD lors des communales de 2015. Mais pour elle, c’était quand même une forme de victoire : « Nous dirigions la ville entre 2009 et 2015 avec 17 élus communaux, aujourd’hui nous en avons 26. Et c’était un choix délibéré de rester dans l’opposition. » En tout cas, son parti, qui a tout de même décroché la présidence de la région de Marrakech, ne lui en a pas tenu rigueur. À preuve, son nouveau sacre, qui fait d’elle le numéro deux du PAM.

Alors, Fatima-Zahra Mansouri première Marocaine à devenir chef de gouvernement ? « Je ne suis pas une femme d’ambition, mais de convictions, rétorque-t-elle. L’objectif est de voir une frange moderniste de la scène politique diriger un Maroc prônant l’égalité des chances et refusant toute forme d’obscurantisme. » Une réplique caractéristique de ces leaders politiques qui ont le sens du timing.

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