Libye : Ahmed Gueddaf Eddem, la voix du clan Kadhafi

En exil au Caire, Ahmed Gueddaf Eddem, cousin et ex-envoyé spécial du colonel, continue de porter la parole kadhafiste. Publiquement, cette fois.

Chez lui, sur les bords du Nil, en février 2015. © MOSA’AB ELSHAMY/AP/SIPA

Chez lui, sur les bords du Nil, en février 2015. © MOSA’AB ELSHAMY/AP/SIPA

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Publié le 17 février 2016 Lecture : 2 minutes.

Autour du dictateur (de haut en bas et de g. à dr.) : Moussa Koussa, Hannibal (son fils), Aïcha (sa fille), Ahmed Gueddaf Eddem et Béchir Saleh. © AMMAR ABD RABBO/ABACAPRESS.COM MONTAGE J.A. ;  XINHUA/ZUMA/REA ; NTB SCANPIX/SIPA ; JULIAN SIMMONDS/REX FEATURES/SIPA ; PATRICK ROBERT POUR J.A. ;
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Libye : que reste-t-il des Kadhafi ?

Cinq ans après le début de la révolution qui a précipité la chute du « Guide », la traque des membres de son clan et de ses milliards continue d’alimenter tous les fantasmes. Que font-ils, que savent-ils et surtout où sont-ils ? Enquête.

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Aujourd’hui, il est probablement le plus médiatique des kadhafistes, après avoir été le diplomate le plus discret du « Guide » – auquel il est resté fidèle pendant près de quarante-cinq ans, d’abord comme membre de sa garde rapprochée, puis comme émissaire itinérant. Toujours vêtu d’un costume « so British », il a sillonné les capitales du monde entier pour porter les messages de son cousin et déminer certains dossiers sensibles : en 1989, après l’attentat contre le DC-10 d’UTA, c’est lui qui se rend en catimini à l’Élysée pour tenter de désamorcer le scandale.

Kadhafiste, certes, mais pas jusqu’au-boutiste. Le 24 février 2011, Ahmed Gueddaf Eddem démissionne et rejoint la capitale égyptienne, assurant ne pas être en accord avec son cousin et avec la manière dont la crise libyenne est gérée. Selon ses dires, il aurait tenté de raisonner le dictateur, jusqu’à le convaincre, en mars 2011, d’accepter de quitter le pouvoir si les Occidentaux interrompaient les bombardements – ces derniers n’auraient rien voulu entendre.

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Son exil égyptien

Même en exil, il est toujours resté en contact avec les nouvelles forces politiques du pays. Depuis son appartement luxueux sur les bords du Nil, dans le quartier de Zamalek, il dit préparer une troisième voie politique – ni rebelle, ni islamiste… kadhafiste, en somme. Mais en mars 2013, son exil doré et ses projets ont bien failli tourner court. Alors que la police égyptienne tente de l’interpeller chez lui – sur ordre de Mohamed Morsi, qui voulait l’extrader -, ses gardes du corps tirent sur les policiers. Accusé de tentative d’homicide et de port d’arme illégal, il est finalement relaxé en décembre de la même année.

Plus récemment, en janvier 2015, il s’est exprimé sur la chaîne égyptienne Dream 2. Égratignant au passage Cécilia Sarkozy, l’ex-première dame française (à propos de l’attitude déplacée du dictateur à son égard, qu’elle décrit dans son livre Une envie de vérité : elle est un « ogre, […] qui pourrait bien la désirer ? »), Gueddaf Eddem y a surtout défendu le projet territorial de l’État islamique : « Cette entreprise aurait dû être menée il y a cinquante ans. Nous sommes la seule nation qui n’a pas trouvé sa place sur Terre en raison de nos divisions. La Turquie est devenue une nation et un État ; les Perses ont créé l’État d’Iran… Où est l’État arabe ? »

En juillet 2015, il s’est insurgé contre la condamnation à mort de Seif el-Islam, le fils cadet du « Guide », et de plusieurs hauts dignitaires de l’ancien régime. Et, il y a quelques semaines encore, il a critiqué la constitution d’un gouvernement d’union nationale, imposé selon lui par l’ONU, et qui exclut son ancien clan. Des diatribes qui rappellent forcément celles de son cousin, avec qui la ressemblance physique est par ailleurs frappante. Kadhafiste un jour, kadhafiste toujours…

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