Le Burkina et la Côte d’Ivoire sont passés près du divorce et leurs cas n’arrangent rien…
Blaise Compaoré, Guillaume Soro ou encore Soumaïla Bakayoko sont autant d’épines dans les relations entre le Burkina et la Côte d’Ivoire.
Publié le 23 février 2016 Lecture : 3 minutes.
Ancien chef de l’État burkinabè renversé le 31 octobre 2014, il est depuis en exil en Côte d’Ivoire. Mi-décembre, la justice burkinabè a émis un mandat d’arrêt international à son encontre dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Thomas Sankara. Il semble peu probable qu’Alassane Ouattara laisse tomber son « frère » et ami de longue date. Blaise a d’ailleurs demandé et obtenu la nationalité ivoirienne de son épouse, Chantal.
François Compaoré
Le frère cadet de Blaise Compaoré vadrouille entre Cotonou, Paris et Abidjan. Honni à Ouaga, où l’entourage du nouveau président, Roch Marc Christian Kaboré, considère qu’il fait partie des plus radicaux du clan Compaoré, il a profité de ses récentes escales au bord de la lagune Ébrié pour rendre visite à Blaise.
Mustapha Limam Chafi
Quand il n’est pas à Casablanca ou à Doha, l’ex-conseiller spécial de Blaise séjourne lui aussi à Abidjan. Il y rencontre parfois son ancien patron. À Ouaga, certains s’agacent de voir si souvent en Côte d’Ivoire cet homme qui était l’un des plus proches conseillers du président déchu, qui connaît tout le monde dans la bande sahélo-saharienne et qui a eu à entrer en contact avec les chefs jihadistes de la région du temps où il jouait les intermédiaires pour le compte de Blaise dans des libérations d’otages.
Guillaume Soro
Le président de l’Assemblée nationale ivoirienne est visé par un mandat d’arrêt pour son implication présumée dans le coup d’État de septembre. Les juges veulent aussi l’entendre au sujet des 300 gilets pare-balles et des grenades découverts chez lui à Ouaga, début octobre, et de l’aller-retour d’un hélicoptère de l’armée burkinabè entre Ouaga et la frontière ivoirienne le 19 septembre. L’appareil avait récupéré des caisses de grenades lacrymogènes auprès de véhicules venus de Côte d’Ivoire.
Yacouba Isaac Zida
Nommé général de division avant la fin du régime de transition, l’ex-Premier ministre burkinabè est parti en janvier au Canada pour rejoindre sa femme et ses enfants. Il convoite le poste d’ambassadeur aux États-Unis. Selon plusieurs sources en Côte d’Ivoire, il aurait, avant le premier tour de la présidentielle burkinabè, tenté de négocier un poste de Premier ministre auprès des deux favoris à l’élection. Une guerre sourde l’oppose à son ancien ami Soro.
Djibrill Bassolé
L’ex-ministre des Affaires étrangères de Compaoré est accusé de complicité avec les auteurs du coup d’État de la mi-septembre et inculpé pour attentat à la sûreté de l’État et collusion avec des forces étrangères. Arrêté le 29 septembre 2015, il est détenu à la Maison d’arrêt et de correction des armées (Maca), à Ouaga. Depuis fin décembre, il provoque des incidents de procédure, refusant les convocations des juges pour être entendu à propos du contenu des écoutes téléphoniques qui le mettent en cause.
Gilbert Diendéré
Le général Diendéré, qui avait pris la tête de la tentative de putsch contre le régime de transition, est inculpé de crime contre l’humanité et d’attentat à la sûreté de l’État. Incarcéré lui aussi à la Maca, à Ouaga, il a été entendu plusieurs fois par le pool des juges d’instruction (deux militaires et un civil) chargés de l’enquête. Selon une source sécuritaire, il « assume le volet politique, pas la partie opérationnelle » du coup d’État, « accuse les officiers et sous-officiers d’avoir fait le putsch » et aurait livré plusieurs noms aux magistrats.
Soumaïla Bakayoko
Le chef d’état-major de l’armée ivoirienne, réputé proche de Gilbert Diendéré, est un autre protagoniste de « l’affaire des écoutes ». Fin janvier, RFI a publié la transcription d’une conversation présumée entre le général Bakayoko et le chef des putschistes alors que sa tentative de coup d’État tournait court à Ouagadougou. Une voix d’homme, présentée comme celle de Bakayoko, y conseille à Diendéré de « mener l’action » pour inverser le rapport des forces. L’adjudant-chef Moussa Nébié et le sergent-chef Roger Koussoubé.