CPI – Afrique : la tactique Kenyatta

Uhuru Kenyatta sait tout ce qu’il a à gagner en s’attaquant à la CPI.

Le président kényan à La Haye, en octobre 2014. © PETER DEJONG/AP/SIPA

Le président kényan à La Haye, en octobre 2014. © PETER DEJONG/AP/SIPA

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 11 février 2016 Lecture : 1 minute.

La « photo de famille » du 26e sommet de l’Union africaine, à Addis-Abeba le 30 janvier 2016. © AFP/Tony Karumba
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UA – CPI : au bord du divorce

Justice du deux poids-deux mesures, néocolonialisme … Les griefs de l’Union africaine à l’encontre de la Cour pénale internationale sont anciens et récurrents. Lors de son 26è sommet, l’organisation continentale a brandi la menace d’un retrait collectif. Énième gesticulation, ou dernier avertissement ?

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Poursuivi pour crimes contre l’humanité à la suite des violences postélectorales de 2007-2008 (plus de 1 000 morts), le président kényan s’est posé en victime du racisme supposé de la Cour – une posture qui a facilité son élection en 2013, en tandem avec son vieil ennemi et néanmoins coaccusé William Ruto. Un an plus tard, la CPI a abandonné le dossier Kenyatta (mais pas celui de Ruto), Nairobi bloquant toute enquête sur le terrain.

Tacticien soucieux de son électorat, Kenyatta est depuis lors à la pointe du combat contre la Cour, à qui il reproche notamment de ne s’attaquer qu’aux Africains. Fin janvier, lors du dernier sommet de l’UA, il a franchi une étape supplémentaire en proposant à ses pairs de préparer pour juillet une feuille de route censée aboutir au désengagement des pays africains du statut de Rome, fondateur de la CPI.

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Une proposition acceptée par les chefs d’État, parmi lesquels le Soudanais Omar el-Béchir, lui-même sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI, mais en l’absence de l’un des plus actifs contempteurs de la Cour, l’Ougandais Yoweri Museveni, accaparé par sa campagne électorale.

Une unité de façade

Une position commune avalisant un retrait massif n’aurait aucun effet sur les procès en cours. Et un tel retrait reste peu probable à brève échéance : de nombreux États ne voient pas d’un mauvais œil les interventions de la CPI dans leurs affaires intérieures. L’Ouganda (contre Joseph Kony et des hauts gradés de l’Armée de résistance du Seigneur), la RD Congo (contre Jean-Pierre Bemba), le Mali (contre Ahmad al Faqi al Mahdi), la Centrafrique ou la Côte d’Ivoire (contre Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé) sont à l’origine des enquêtes…

Le 5 février, le président Ouattara a affirmé qu’il ne livrerait plus aucun Ivoirien à la CPI, mais qu’il ne s’en retirerait pas pour autant. L’unité de façade affichée à l’UA est donc encore loin de se traduire dans les faits.

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