Algérie : Mohamed Meziane sort du box, pour l’instant…
Poursuivi pour corruption, l’ex-PDG du groupe algérien Sonatrach écope de cinq ans de prison avec sursis. Mais la justice n’en a pas fini avec lui…
Dans la salle d’audience du tribunal d’Alger, le mardi 2 février, les mines des avocats et des proches des prévenus se décrispent lorsque le juge Mohamed Reggad achève la lecture des verdicts dans le procès de l’affaire Sonatrach 1. Poursuivi notamment pour association de malfaiteurs, détournement de fonds publics, blanchiment et corruption dans le cadre de marchés conclus avec des firmes étrangères, Mohamed Meziane, 74 ans, ex-PDG de la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach, est condamné à cinq ans de prison avec sursis.
Également dans le box, ses deux fils, Mohamed Reda et Bachir Fawzi, écopent respectivement de six et cinq ans de prison ferme. Mais les deux hommes quittent la prison d’El-Harrach le jour même : placés en détention préventive en janvier 2010, ils ont déjà purgé leur peine. Fin d’une séquence judiciaire qui a fait couler beaucoup d’encre, causé des drames et écorné l’image du groupe pétrolier.
« Je dirigeais la plus grande compagnie d’Afrique, je négociais avec les patrons de firmes pétrolières multinationales et je signais des contrats à plusieurs milliards de dollars. Du jour au lendemain, je suis devenu un pestiféré », nous confiait Mohamed Meziane quelque temps avant son procès. Le big boss de ce groupe considéré comme la manne nourricière de l’Algérie aurait pu aspirer à une retraite paisible n’étaient ces maudites affaires.
Un homme discret
Diplômé en génie mécanique, en raffinage et en pétrochimie, cet ingénieur quadrilingue arrive chez Sonatrach en 1967 et y occupe plusieurs hautes fonctions. En 1984, il rejoint le ministère de l’Énergie et en gravit les échelons, devenant directeur de la sécurité industrielle puis directeur des échanges internationaux avant d’être promu chef de cabinet de Chakib Khelil. En septembre 2003, lorsqu’il est nommé PDG de Sonatrach, le ministre de l’Énergie, aujourd’hui exilé aux États-Unis, loue « ses qualités humaines, celles d’un manager serein et à l’écoute ».
Pendant six ans, cet homme d’une discrétion qui confine à la timidité sillonne le monde, aligne contrats et performances sans que ses compétences, sa probité ou son dévouement ne soient pris en défaut. « Le ministre décidait, j’exécutais », nous affirmait-il encore. Mais la roue tourne en juillet 2009 : le Département du renseignement et de la sécurité (dissous en janvier 2016) lance des investigations autour de divers marchés douteux. Au terme de six mois d’enquête, le dossier est transmis à la Cour d’Alger.
Les conséquences sont lourdes pour les prévenus comme pour le groupe. Presque tout l’état-major de Sonatrach, les deux fils de Meziane, ainsi que d’autres intermédiaires sont mis aux arrêts. Son patron est, lui, placé sous contrôle judiciaire. Six ans de procédure s’écouleront avant que le juge Reggad tranche enfin.
L’affaire Sonatrach 2
Si le verdict de Sonatrach 1 est plutôt clément – le procureur avait requis quinze ans de prison contre l’ex-PDG -, Mohamed Meziane n’en a pas fini avec la justice. Celle-ci instruit toujours Sonatrach 2, une autre affaire de corruption présumée impliquant d’ex-dirigeants du groupe ainsi que Chakib Khelil, sa famille et quelques-uns de ses amis.
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