Cinéma : « Irak année zéro », la face cachée de la guerre

Encore que l’épithète « petit » soit sans doute malvenu, puisque ce film monumental en deux parties dure plus de cinq heures et demie. Il raconte d’abord, dans « Avant la chute », la vie de la famille du réalisateur à Bagdad, pendant les treize mois qui ont précédé l’invasion de l’armée américaine, en 2003, lorsque George W. Bush invoqua la prétendue présence d’armes de destruction massive en Irak pour lancer une nouvelle guerre. Les femmes stockaient alors de la nourriture tandis que les hommes creusaient un puits dans le jardin et consolidaient les vitres avec du ruban adhésif en attendant les inévitables bombardements.

Dans « Après la bataille », le cinéaste filme le quotidien des mêmes personnes après la chute du régime de Saddam Hussein. À un moment où le temps de l’attente et de l’angoisse a cédé la place à celui de l’anéantissement d’un pays, livré aux pillages et aux règlements de comptes entre milices ou bandes rivales sur fond d’occupation militaire.

Ce documentaire donne ainsi à voir très exactement ce que le cinéma, mais aussi l’ensemble des médias du monde entier, tous plus ou moins embedded (« embarqués »), ne nous ont jamais montré. À savoir, à hauteur d’homme, comment la population irakienne a vécu au jour le jour. Et plus particulièrement les personnages que suit l’auteur, à commencer par son jeune neveu Haïdar, bientôt tué par un sniper. Une chronique passionnante, filmée dans des conditions extrêmes au cœur de drames humains, mais où personne ne cesse de vouloir défendre une existence digne. Une œuvre éclairante pour qui veut comprendre pourquoi l’Irak est aujourd’hui dans l’état que l’on sait.

>> Homeland : Irak année zéro, d’Abbas Fahdel (sortie en France le 10 février)